Joël Giraud a signé l'appel ci-dessous, sur proposition d'André Vallini, sénateur PS et président du Conseil général de l’Isère et de Philippe Bas, ancien ministre et sénateur UMP de la
Manche
APPEL A MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE
POUR QUE LA LUTTE CONTRE LA MALTRAITANCE DES ENFANTS
SOIT DÉCLARÉE GRANDE CAUSE NATIONALE 2014
Chaque jour, en France, deux enfants meurent de violences
infligées par des adultes, le plus souvent leurs parents.
Au-delà du sentiment d’effroi que suscitent ce chiffre et les
faits divers isolés, tout à la fois horribles et fascinants, régulièrement
rapportés par les médias, la maltraitance des enfants est un problème de
société majeur que notre pays doit savoir enfin regarder en face.
En effet, des études récentes, menées dans des pays à haut niveau
de revenus, comparables à la France, ont montré qu’en moyenne dix pour cent des
enfants sont concernés par une maltraitance physique, sexuelle ou
psychologique, une négligence, une exposition à des risques majeurs, ou des
carences affectives et/ou éducatives.
On le sait, l’enfant ne peut grandir, s’épanouir et devenir un
adulte heureux, socialisé et responsable que si ses besoins physiques,
affectifs et éducatifs sont pleinement satisfaits par les personnes qui s’en
occupent, très généralement ses parents. Bafouer de façon intentionnelle,
systématique et permanente ces besoins correspond bien à la maltraitance dans
son acception la plus large. Au-delà des coups et des agressions sexuelles, qui
viennent spontanément à l’esprit quand on parle de maltraitance, il faut en
effet aussi reconnaître la gravité des violences verbales, des humiliations
répétées et du délaissement affectif dont il est démontré qu’ils peuvent avoir
les mêmes redoutables conséquences à long terme sur la santé physique et
mentale des enfants victimes (tentatives de suicide ou suicides, addictions,
anorexie/boulimie, délinquance, troubles graves de la personnalité et de la
communication, désocialisation…).
On peut ainsi parler à propos de la maltraitance, qui touche
toutes les classes sociales, de véritable problème de santé publique, compte
tenu du coût, non chiffré mais sans doute considérable, que font peser sur le
système de santé ces possibles conséquences à long terme, parmi lesquelles la
terrible transmission trans-générationnelle de la violence.
Il est donc temps d’agir avec détermination et avec les moyens
nécessaires pour que l’enfant cesse d’être nié en tant que personne digne de
respect et ayant des droits propres. Aucune raison ne peut justifier qu’un
enfant soit moins bien traité qu’un adulte.
Certes, la protection des enfants entraîne nécessairement une
intrusion dans la sphère privée et une remise en cause du dogme de la famille
naturellement bonne mais la violence envers des êtres faibles qui, de surcroît,
n’ont pas la possibilité de se défendre et de faire entendre leur voix est-il
un phénomène si dérangeant qu’il doit rester tabou ?
Nous pensons au contraire que rien ne serait pire que la résignation
et que seule une mobilisation de la société tout entière, et donc d’abord des
pouvoirs publics, peut réussir à faire reculer cette violence qui ne peut que
heurter la conscience humaine.
C'est pour ces raisons que nous vous demandons, Monsieur le Premier
Ministre, de faire de la lutte contre la maltraitance des enfants la Grande
Cause Nationale 2014.