Question publiée au JO le : 12/03/2013
M. Joël Giraud
appelle l'attention de M. le ministre de l'économie et des finances sur la mise
en place du crédit d'impôts compétitivité emploi (CICE) pour les entreprises à
compter du 1er janvier 2013 tel que prévu dans la loi de finances rectificative
pour 2012.
Les objectifs des acteurs de l'économie sociale et solidaire sont en
totale adéquation avec la logique engagée à travers le CICE (aide concrète aux
entreprises pour améliorer leur compétitivité et permettre des efforts en
matière d'emploi, d'investissement, de recherche, d'innovation, de formation),
Cependant, le secteur des services à la personne est marqué par une forte
hétérogénéité. En effet, les services à la personne représentent des activités
très diverses (aide à domicile, garde d'enfants, ménage, jardinage...),
réalisées selon des modes d'intervention variées (emploi direct, prestataire,
mandataire), portées par des acteurs différents selon leur statut (entreprise, association
et établissement public) et le cadre réglementaire auquel ils sont soumis
(déclaration, agrément, autorisation, tarification).
Le CICE vient renforcer
ces disparités en permettant aux seules entreprises de bénéficier de l'avantage
fiscal. La mesure de compensation prise en faveur de l'économie sociale visant
la hausse de l'abattement de la taxe sur les salaires n'est pas suffisante du
fait de son plafonnement et de la réalité de ce secteur. Une étude a permis de
mettre en évidence l'écart entre les diverses structures. À titre d'exemple, un
calcul a été effectué pour une structure réalisant 100 000 heures
d'intervention par an pour un CA de 1,9 million d'euros. Alors qu'une
entreprise présentant ces caractéristiques va bénéficier de 132 000 euros de
CICE sur 2013 et 2014, l'association dégagera une baisse de la taxe sur les
salaires de 14 000 euros pour la même période, soit une différence de 118 000
euros. Ramené au coût du travail, l'écart de compétitivité est de 1,16 euro par
heure. Et cet écart s'accentue avec la taille des organisations.
Cette exemple
illustre une réelle perte de moyens pour investir dans l'avenir, certes celui
des entreprises de l'économie sociale et aussi plus globalement celui du
secteur des services à la personne car 80 % de l'activité n'entre pas dans le
champ du CICE (80 % des heures sont réalisées par les associations et les
établissements publics source DARES « les SAP en 2010 », sept. 2012).
Face à
cette situation, il serait souhaitable d'envisager une égalité de traitement
entre tous les acteurs du secteur en permettant aussi bien aux associations,
entreprises et établissements publics de bénéficier du CICE. Ceci permettrait
de tirer vers le haut l'ensemble de la filière et ainsi permettre à tous de pouvoir
s'appuyer sur les moyens dégagés par le CICE pour investir dans l'innovation
sociale et technologique, la formation, le recrutement Cette divergence
d'application, si elle devait perdurer, pourrait se traduire par une disparité encore
plus importante en termes de qualité d'emplois et de service et aussi de prix,
et cela au détriment des usagers, des salariés et des territoires. Il lui
demande de lui faire connaître si une éventuelle évolution du dispositif CICE
pourrait être envisagée lors d'un prochain débat sur la loi de finances
rectificative prévue pour 2013.