Question
publiée au JO le : 11/06/2013 page : 5964
Réponse publiée au JO le : 27/08/2013 page : 8990
Texte de la questionM. Joël Giraud alerte
Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur la pénurie
médicale, tout particulièrement en zone rurale. Si certaines zones
urbaines ne sont pas épargnées non plus, c'est tout de même dans les
zones rurales que l'on constate le plus fort déficit en médecins
généralistes ou spécialistes. Cette désertification médicale engendre de
lourdes conséquences sur la vie et la santé de nos concitoyens : délais
d'attente très longs, menace de fermetures des services hospitaliers,
difficulté à assurer la prévention, la surveillance et le conseil pour
la médecine du travail ou la médecine scolaire, recours à des praticiens
étrangers. Paradoxalement, alors que sur le territoire, le besoin est
grandissant, une multitude de jeunes gens, pourtant très motivés ne
peuvent embrasser la profession de leurs rêves. Le numerus clausus
actuel semble totalement inadapté à la situation concrète et aux des
besoins du pays. Il lui demande de bien vouloir engager une concertation
avec les doyens des universités afin de pouvoir, avec ceux qui le
souhaitent, modifier à la hausse le numerus clausus des étudiants en médecine. Il souhaite connaître la position du Gouvernement sur cette proposition.
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Texte de la réponseRéduire les inégalités
de santé, permettre un accès aux services qu'un système de santé
performant doit garantir en proximité (soins, prévention, dépistage,
éducation à la santé), représentent deux enjeux majeurs pour le
Gouvernement, qui fondent la stratégie nationale de santé lancée par le
Premier ministre le 8 février dernier et dont il a confié la
responsabilité à la ministre des affaires sociales et de la santé. Dès
son arrivée aux responsabilités, cette dernière s'est mobilisée pour
améliorer l'accessibilité aux soins tant financière que géographique et
cette volonté politique a trouvé sa traduction, plus particulièrement, à
travers la signature de l'accord conventionnel intervenu en octobre
2012 entre les médecins libéraux et l'assurance maladie sur les
dépassements d'honoraires, d'une part, et l'annonce du « pacte
territoire-santé » le 13 décembre dernier, d'autre part. Les difficultés
d'accès aux soins, matérialisées par des délais de rendez-vous longs ou
l'éloignement géographique d'un professionnel, alimentent le sentiment
de désertification médicale. En matière de densité médicale, la
situation française s'avère paradoxale : le nombre de médecins n'a
jamais été aussi élevé (avec une croissance de près de 30 % depuis 20
ans) alors que les inégalités territoriales d'installation des
professionnels de santé demeurent particulièrement importantes ; les
zones rurales ne sont pas les seules concernées, les banlieues des
grandes villes et même certains arrondissements parisiens enregistrent
une baisse importante du nombre de médecins de famille. Sous l'impulsion
du Gouvernement, les partenaires conventionnels ont signé le 25 octobre
2012 un avenant à la convention médicale de juillet 2011 consacré aux
dépassements d'honoraires. Cet accord ouvre la voie à la modération des
dépassements abusifs et élargit le champ des bénéficiaires des tarifs
opposables. Les médecins ont désormais la possibilité de conclure un
contrat d'accès aux soins, par lequel ils s'engagent à modérer le
montant des dépassements d'honoraires, en contrepartie d'un meilleur
remboursement de leurs patients par l'assurance maladie obligatoire. De
leur côté, les complémentaires santé se sont également engagées à
réduire le reste à charge des assurés en prenant mieux en charge les
dépassements ainsi encadrés. Le « pacte territoire-santé » procède d'une
démarche incitative et décline douze engagements qui constituent un
plan global et cohérent autour de trois axes : le premier axe vise à
changer la formation et à faciliter l'installation des jeunes médecins,
notamment en permettant à tous les étudiants de faire un stage en
cabinet avant l'internat, en les formant davantage à l'exercice en
cabinet. La création d'une garantie de revenu permettra aussi à 200
praticiens territoriaux de médecine générale de s'implanter dans les
territoires dès 2013 et un « référent-installation » a été désigné dans
chaque région pour accompagner les jeunes médecins dans toutes les
étapes de leur installation. Le second axe cible la transformation des
conditions d'exercice des professionnels de santé par la généralisation
du travail en équipe, le développement de la télémédecine ou encore
l'accélération du transfert de compétences. Le troisième axe consiste à
promouvoir des investissements spécifiques pour les territoires isolés.
L'accès aux soins urgents en moins de trente minutes sera assuré d'ici
2015. Des réponses sur mesure seront mises en oeuvre concernant les
hôpitaux de proximité. Enfin, si l'offre libérale est totalement absente
d'un territoire, il ne peut être exclu de recourir à des centres de
santé, dont le modèle économique doit être révisé. Le ministère des
affaires sociales et de la santé s'assurera que les priorités du pacte
seront mises en oeuvre et que l'implication des acteurs sera bien au
rendez-vous.
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