Question
publiée au JO le : 11/06/2013 page : 5974
Réponse publiée au JO le : 03/09/2013 page : 9209
Texte de la questionM. Joël Giraud attire
l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et
de la forêt sur l'affichage environnemental des produits
agroalimentaires, sujet d'actualité aux enjeux cruciaux pour la filière
viande française. Prévu et expérimenté (entre juillet 2011 et juillet
2012) dans le cadre de la loi Grenelle 2, ce dispositif fera
prochainement l'objet d'un bilan présenté au Parlement, avant son
éventuelle généralisation par décret en Conseil d'État. Or l'incertitude
méthodologique sur laquelle il se base implique des risques majeurs
pour les systèmes d'élevage extensifs français, et notamment les
élevages biologiques (méthode de l'analyse du cycle de vie, issue du
monde industriel et complètement inadaptée au secteur agricole, qui se
focalise sur les émissions de méthane « tout au long de la vie » et
pénalise ainsi très largement les productions à cycle long telle que la
viande rouge). Une généralisation de ce dispositif en l'état actuel
reviendrait à dévaloriser les systèmes de production herbagers, à
imposer une nouvelle charge aux entreprises françaises qui souffrent
déjà d'un déficit de compétitivité très important et à créer une
nouvelle situation de distorsion de concurrence avec nos voisins
européens, cette mesure n'étant pas harmonisée au niveau européen. Pour
toutes ces raisons les professionnels de la filière se prononcent contre
une généralisation obligatoire de ce dispositif en l'état actuel et à
demandent aux pouvoirs publics le temps nécessaire de la réflexion pour
parvenir à une mesure harmonisée à l'échelon européen et reposant sur
des bases méthodologiques solides. Il lui demande de bien vouloir lui
faire savoir si le Gouvernement envisage de réviser le calendrier prévu
pour l'application des mesures relatives à l'affichage environnemental.
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Texte de la réponseL'objectif de
l'affichage est de porter à la connaissance du consommateur des
informations sur l'impact environnemental d'un produit et notamment des
pratiques mises en oeuvre pour sa production, de façon à induire un
achat récompensant les meilleurs. En agroalimentaire, la phase agricole
représente au moins 70 % des impacts. L'environnement est une science
complexe notamment lorsque on prend en compte les impacts
territorialisés et diffus, ce qui est le cas des exploitations agricoles
alors que les industries ont le plus souvent des impacts localisés et
ponctuels. La méthodologie dite « analyse de cycle de vie » (ACV) pour
communiquer de l'information environnementale au consommateur est bâtie
pour l'industrie sur des modèles encore mal adaptés à la complexité
environnementale de l'agriculture. Elle modélise des impacts potentiels
et non pas des impacts réels. Aujourd'hui, les outils de l'ACV (méthodes
de calculs et base de données) ne sont pas assez sensibles et fins pour
refléter les différences de pratiques et pourraient aller à l'encontre
des moyens mis en place par le ministère en charge de l'agriculture pour
faire progresser les exploitations agricoles (agriculture biologique,
certification environnementale, réduction de produits
phytosanitaires...). L'élevage français, qui permet le maintien d'une
économie dans les zones de montagne et dans la France rurale, pourrait
en effet pâtir d'un affichage sur la base des méthodologies actuelles
qui ne prennent pas suffisamment en compte le rôle positif des prairies
et la biodiversité. Les industries agroalimentaires (IAA), les instituts
et les filières souhaitent continuer les travaux dans le domaine de la
recherche comme cela a été acté dans le contrat de la filière
alimentaire signé le 19 juin 2013. Le ministre de l'écologie, du
développement durable et de l'énergie reconnaît cette particularité du
secteur agro-alimentaire et considère que les conditions ne sont pas
réunies aujourd'hui pour une généralisation de l'affichage de manière
obligatoire. En parallèle des travaux de recherche, le ministère de
l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt propose une approche
alternative visant à communiquer sur les progrès environnementaux
effectués au niveau des exploitations, des IAA et des autres acteurs des
filières de distribution. Il s'agit de favoriser une communication
positive sur des scénarios comparatifs dans une démarche de progrès.
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