Hier à L’Argentière la Bessée, le nouveau président de la fédération nationale des Clubs alpins et de Montagne (FFCAM) Nicolas Raynaud, s’était déplacé pour présenter, en présence du président du Parc National des Ecrins Bernard Héritier, des présidents des différents CAF du Territoire des Ecrins et des Gardiens de refuge de l’Isère et des Hautes-Alpes, le plan d’investissement du CAF en 2017 dans les refuges des Ecrins. Ainsi en 2017 les travaux se montent à 800 000 € sur Temple Ecrins, 200 000 € sur l’Olan, 100 000 € pour la Bérarde et 100 000 € pour le Glacier Blanc. Mais le plan est encore plus ambitieux pour les années à venir puisque sur 8 ans 10 millions d’euros restent à investir au Chatellard, à La Lavey, au Glacier Blanc, aux Ecrins, à l’Olan et à Chabournéou. Pour le Lac du Pavé, le CAF a une idée originale celle de construire en ville à Grenoble le refuge dans le cadre d’une opération destinée à médiatiser la montagne avant de le remonter sur place. Une ombre au tableau a cependant plané sur cette réunion : il s’agit de la décision de l’Inspecteur d’Académie des Hautes-Alpes d’interdire l’opération « Destination Refuges » qui devait concerner 1300 élèves haut-alpins et ce au motif qu’une décision du Conseil d’État que tous les participants à la réunion estiment mal interprétée par la direction académique des Hautes-Alpes. Nicolas Raynaud, lui-même responsable de ces opérations au lycée de Moutiers ne comprend pas plus que le Président du Conseil National de la Montagne Joël Giraud, une décision qui va à l’encontre y compris des nouvelles dispositions votées dans la loi montagne. En fait le Conseil d’État a censuré une partie du référentiel national sur l’accès aux refuges au motif que le séjour des mineurs ne devait pas excéder 2 nuitées. Cette limitation semblant contraire au droit, la plus haute juridiction française l’a donc supprimée. L’inspecteur d’académie de son côté traduit cela abusivement en une interdiction de toute nuitée ! Devant ce spectaculaire cafouillage administratif, le Préfet des Hautes-Alpes a demandé à l’Inspecteur d’Académie de rapporter sa décision. L’avenir du programme. « Jeunes et Montagne » est aujourd’hui et une fois encore entravée par le syndrome que Joël Giraud définit comme « avoir peur de son ombre ». En tout cas la pression des professionnels de la montagne et des institutions publiques est aujourd’hui très forte pour que le directeur académique des Hautes-Alpes retire sa circulaire !
Publié le 06 Avril 2017
Beaucoup de 1ères fois…
Tout débute en 2005 où l’Etat est obligé à un avis de mise en concurrence, car EDF a été privatisée en 2004, pour la concession de la Séveraisse à St Firmin en Valgaudemar. Une mise en concurrence de ce type est une 1ère nationale.
En 2007, c’est la société Forces Hydrauliques de la Séveraisse qui est choisie, émanation de la Compagnie des Hautes Chutes de Rogues. Pour la 1ère fois c’est un privé qui remporte cette mise en concurrence face à EDF. Le transfert de la concession s’effectue en 2011 et sera effective jusqu’en 2050. La société s’est engagée à construire une usine supplémentaire, St Firmin II, pour turbiner les 8 m3/seconde prévus dès l’origine, en 1902.
C’est en effet à cette date que la construction de St Firmin I s’effectue, fondée par la société Chabrand et Pellevoizin, mais elle ne turbine que 1,8 m3/s sur les 8 prévus. En 1923 la société, devenue Energie Electrique Alpine, sollicite la concession de 3 chutes sur la Séveraisse, St Firmin, St Maurice et La Trinité. Celle-ci est accordée en 1927 pour une période de 75 ans. En 1933 La Trinité est mise en service, suivie en 1935 par celle de St Maurice. Mais en 1946, la loi de nationalisation de l’électricité entraine la reprise des exploitations par EDF. C’était en quelque sorte un retour aux sources qui était inauguré le 24 mars en grande pompe.
St Firmin II fut aussi le 1er chantier par son ampleur, 16 mois de travaux, pour la période 2014/2015 pour un investissement de 14 M€. Mais aujourd’hui l’objectif est atteint, 20% d’énergie verte en plus sont produits. Les caractéristiques de l’usine : 4 450 kW, une hauteur de chute de 74 m, 3 groupes de type Francis, une production annuelle de 16 millions kW/H mis à disposition d’Enédis, soit l’énergie consommée par 4 000 foyers de 4 personnes. « La prise d’eau se fait à la centrale amont, à St Maurice, explique Gilles Adisson, Directeur de CHCR, puis on ne touche plus à la rivière, tout se fait autour des 3 chutes, respectivement de 115 m, 74 m et 36 m. L’eau est ensuite rendue à la Séveraisse, à l’aval de La Trinité. C’est un complément significatif pour le Valgaudemar, St Firmin II est la 4ème unité de production. »
L’inauguration
« L’inauguration marque un point économique supplémentaire pour le territoire, disait le Maire de la commune, Alain Freynet, 4 emplois pérennes ont été créés. Cela ne s’est pas fait sans la perte de quelques morilles… mais on préfère ceci à cela ! Ce fut un chantier approuvé par la population, il n’y a pas eu de grosses plaintes et c’est un exploit ! Vos équipes ont su jouer le jeu de la concertation. La zone d’activité va continuer à se développer car l’emploi reste notre priorité. »
Le Directeur de FHS, Franck Adisson, enchainait : « Quand on y croit tout est possible ! On s’est engagé à améliorer de 25% les centrales existantes. Durant le chantier on a trouvé 200 m de canalisations existantes car cette production était prévue dès la conception du projet. Peut-être abandonnée à cause de la Guerre ? Mais on s’en sert aujourd’hui ! On a bien travaillé, on peut être fier ! »
Le Directeur technique, Jean-Eric Carré, poursuivait : « 50 entreprises sont intervenues sur site, 100 personnes sur le chantier en période de pointe… Un chantier de cette taille c’est d’abord une aventure humaine. »
« L’histoire de la Séveraisse fut un coup de tonnerre dans un ciel bleu, assenait la Présidente de France Hydroélectricité ! Ce fut un bouleversement et j’ai souvent entendu dire : « Ils ont promis mais ils n’y arriveront jamais ! » Et vous y êtes arrivés !... La petite hydroélectricité est souvent décriée et pourtant elle est pertinente. Le Valgaudemar fut un territoire à énergie positive bien avant la lettre. Aujourd’hui on produit plus d’électricité sans oublier toute la faune piscicole qui y gagne. La petite hydroélectricité a des compétences, laissez-nous faire ! »
Patrick Ricou, vice-président au Conseil Départemental, était sur son territoire : « On apporte ici une pierre à la transition énergétique. Vous avez respecté la population et le cadre de nos montagnes. Vous tirez nos vallées vers le haut. »
Le Député Joël Giraud concluait : « L’hydroélectricité est liée à l’économie industrielle montagnarde qui a permis d’enrayer les migrations. Le passé répond de l’avenir, les travaux de hier sont repris aujourd’hui. Mais il aura fallu 5 ans pour convaincre que l’hydroélectricité est une énergie renouvelable et il aura fallu se battre contre beaucoup d’aprioris… et le combat n’est pas terminé. Ces techniques ne sont pas néfastes. Ici on réinvente l’avenir et pas avec des fonds publics mais grâce à des privés qui investissent ! »
L’inauguration se poursuivait avec la visite des installations et le survol en hélicoptère pour ceux qui le désiraient des installations amont et le traditionnel buffet. Le soleil printanier, 20°C, était de la partie toute la matinée… avant que le temps ne fasse un 160° dans l’après-midi et qu’il ne tombe 50 cm de neige dans le Briançonnais, le Queyras et d’autres stations telles Vars, Risoul ou Les Orres…
Claudine Usclat-Fouque