La Mutualité Française a décidé de ne pas s’inscrire dans le dispositif de labellisation des contrats seniors. Elle demande aux pouvoirs publics de renoncer au projet "afin de préserver la mutualisation et la solidarité intergénérationnelle". La Mutualité Française a décidé de ne pas s’inscrire dans le dispositif de labellisation des contrats pour les personnes de plus de 65 ans, tel qu’il est actuellement envisagé dans un projet de décret. Avec ces labels, notre système de protection sociale s’inscrit, encore un peu plus, dans une approche de segmentation catégorielle qui trouve aujourd’hui ses limites, les personnes étant protégées en fonction de leur statut (salarié, indépendant, senior...) alors même que les parcours de vie sont de moins en moins linéaires. Cette évolution va à rebours des objectifs d’universalité, de cohérence et de mutualisation auxquels la Mutualité est attachée estime Denis Philippe, le président de la Mutualité Française Hautes-Alpes.
En fixant trois paniers de soins, avec un niveau de garanties et de prix étroitement encadré, cette nouvelle réglementation, méconnaît la réalité et les besoins spécifiques qu’ont les adhérents des mutuelles, qui n’auront aucune marge de manœuvre pour adapter leurs garanties en fonction de leurs attentes. « Ces labels, ne comportent aucun des services que les seniors plébiscitent pourtant dans le cadre de leur couverture santé (aide aux aidants, préparation à la retraite, action sociale…). En revanche, ils prévoient de couvrir l’orthodontie, dont les seniors n’ont pas besoin, mais pas l’implantologie à laquelle pourtant ils ont bien recours. « Il faut que les hauts alpins sachent, que la Mutualité Française, dénonce l’exclusion des retraités du système de santé et souhaite, qu’une réelle solution, leur soit apportée » ajoute Denis Philippe.
Créer une 9ème modalité d’accès à la complémentaire, c’est accroître la segmentation qui génère en grande partie le problème ajoute Jean-Paul Benoit, Président Régional de la Mutualité Française. C’est un modèle de l’absurdité administrative, à laquelle, on aboutit lorsque les pouvoirs publics veulent se substituer aux acteurs, en règlementant, jusqu’au dernier bouton de guêtre. Cette prétention n’est même pas accompagnée d’une aide réelle financière : on touche là au mépris des populations concernées. Dans son immense générosité le gouvernement propose une baisse de 1% des taxes des contrats santé, soit une aide mensuelle oscillant de 0,40 à 1,30 euros.
C’est dérisoire, comparé aux centaines d’euros d’aides publiques annuelles pour chaque bénéficiaire dans le cas des contrats groupes, pour les salariés du privés, ou des contrats « Madelin » des professions libérales, sans compter le triplement du coût de la complémentaire pour les personnes sortant d’un contrat groupe... indique Jean-Paul Benoit, fort remonté contre ce projet. La Mutualité Française propose une solution alternative pour venir en aide aux retraités. Les dispositifs d’aide à la complémentaire, coûtent au total près 10 milliards d’euros à l’état et à l’Assurance Maladie et sont pour la plupart inefficaces. Hors, le dispositif CMU/ACS, qui permet de couvrir plus de 5 millions de personnes, coûte à peine plus de 2 milliards précise Jean-Paul Benoit. Il reste environ encore 4 millions de personnes à protéger, toutes catégories de population confondues. Il est donc clair qu’un dispositif efficient permettrait de résoudre la totalité du problème pour moins de la moitié des sommes actuellement mobilisées. Il est possible de répondre à la totalité des besoins en dépensant moins, sans discrimination entre les différentes catégories de population. Le dispositif pourrait prendre la forme d’une aide en fonction des ressources, sur le modèle des allocations logement, et de la suppression des 15% de taxes pour tous les contrats santé.
C’est pourquoi, conclut Denis Philippe, la Mutualité Française Hautes-Alpes demande aux pouvoirs publics de renoncer à l’actuel projet, afin de préserver la mutualisation et la solidarité intergénérationnelle, au bénéfice des seniors et de leur couverture santé. Le Député Haut-Alpin, Joël Giraud, nous a fait part de son soutien en préparant pour la rentrée un point à l’attention de Mme la ministre des Affaires sociales et de la Santé.
Publié par Samir MATHIEU DICI TV le
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