Joël Giraud Paroles Libres 20-03-2015
Si 90 % des français se déclarent prêts à élire une femme à la tête de l’État, c’est parce qu’on a demandé leur opinion à ce sujet. Et le fait qu’on les questionne à ce propos est en soi un symptôme d’immaturité politique. Imagine-t-on un instant qu’une telle question puisse être posée dans la plupart des démocraties – occidentales ou pas- ailleurs sur la planète ?
Une femme au pouvoir : le chemin reste long en France
Certainement pas car dans l’immense majorité des démocraties, la question ne se pose même pas. C’est là sans doute une des facettes de l’exception culturelle française. La première femme chef de gouvernement, Édith Cresson, y a été brocardée, moquée… à telle enseigne que plus une seule femme en France n’a été premier ministre. Et lorsque les Français déclarent leur flamme à une femme politique, Simone Veil, Ségolène Royal… les appareils de leurs propres formations politiques ne font-ils pas tout pour que son ascension vers les sommets soit entravée d’embuches qu’un homme n’aurait jamais trouvé sur son chemin.
Plus idôlatrée qu'élue
La femme en France est plus facilement idolâtrée qu’élue et les lois imposant la parité s’y succèdent, à défaut de pouvoir l’imposer naturellement dans les mœurs, la société. Ce qui est une réalité dans les tâches ménagères l’est aussi sur le plan politique. En ce sens, il n’est pas étonnant que Christine Lagarde ou Marine Le Pen soient citées car elles relèvent de cette logique d’idolâtrie. La première pour sa parole économique, la deuxième pour sa parole ou plutôt ses aboiements contre le système, de plus au sein d’un parti où l’on aime par construction le "caudillo" … quelque soit son sexe.
La femme, marqueur de stabilité politique
On est loin de la logique qui prévaut pour l’élection d’une Angela Merkel où la question n’ est pas pour les allemands qu’elle soit une femme mais surtout un marqueur de stabilité, de sérieux et de probité dans un pays qui pousse ces vertus à l’extrême. Mais le pays qui a inventé la loi salique pour qu’aucune femme ne puisse succéder au trône de France et qui, se définissant comme "la fille ainée de l’église (catholique)" en a suivi les mêmes principes d’exclusion de la femme de toute responsabilité mettra à mon avis encore du temps à ne pas avoir le réflexe, au dernier moment, de mettre un bulletin masculin dans l’urne lorsqu’il ou elle- un paradoxe de plus- aura le choix. Sans le savoir, les français relisent dans les urnes Thomas d’Aquin où la finalité de l’égalité homme- femme ne peut se réaliser que dans la gloire éternelle donc après la vie terrestre !!
http://www.politiquematin.fr/presidentielle-election-femme-france-marinelepen-18113
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