Député (PRG), mais aussi avocat spécialisé dans le droit social, Alain Tourret est depuis très longtemps engagé dans la défense des intérêts des travailleurs victimes de l'amiante. L'annonce de la mise en examen de Martine Aubry suscite son indignation. Il s'en explique dans le communiqué de presse ci-dessous :
Paris, le mardi 6 novembre 2012
Communiqué de Presse de M. Alain Tourret, député-maire de Moult sur la mise en examen de Mme Martine Aubry
Un juge d'instruction vient de
décider de mettre en examen Martine
Aubry pour homicides
et blessures involontaires dans le dossier
relatif à l'amiante. C'est un acte grave qui paraît insupportable tant l'accusation est violente.
Il est reproché à Mme Aubry de n'avoir pas pris les mesures qui se seraient
imposées entre 1984 et 1987 alors qu'elle
était directrice des relations du Travail au ministère des Affaires sociales
et del'Emploi, alors dirigé par M. Philippe Seguin.
Il est facile, vingt-cinq années après, de réécrire l'histoire et d'accuser d'inertie ou d'immobilisme les responsables administratifs ou politiques, voire de leur reprocher de la sympathie pour les industriels de l'amiante.
Député de Condé-sur-Noireau, là où s'est passé, dans l'usine Ferrodo Valéo, une part essentielle de ce drame, je voudrais faire connaître mon avis sur l'une des plus grandes catastrophes de santé publique qu'a connue la France. Ce sont plus de cent mille personnes qui sont mortes des cancers de l'amiante, l'abestose et le mésothéliome.
Entre 1984 et 1987, Mme Aubry a été l'un des rares responsables à prendre à bras le corps un sujet à l'époque complexe car s'il est vrai que l'on connaît le caractère dangereux de l'amiante depuis 1906, aucun pays n'avait à l'époque ordonné l'interdiction de l'usage de l'amiante. On chercherait, mais en vain, les alertes de l'académie de médecine, des savants, des syndicalistes.
La France a interdit l'usage de l'amiante en 1996, sans doute trop tard et nous devons nous incliner devant la détresse et le drame vécu par les victimes, notamment dans le bassin de Condé-sur Noireau.
Elu député en 1997, j'ai aussitôt rencontré Martine Aubry pour lui faire part du sinistre vécu par les ouvriers de l'amiante. Elle était à l'époque ministre des Affaires sociales et nous avons pu travailler sur un loi qui, en 1998, a pris en compte la situation des amiantés pour leur droit à la retraite. De même, nous avons pu mettre sur pied l'indemnisation des amiantés par le FIVA.
Nul plus que Martine Aubry ne s'est autant intéressé à la situation des amiantés. Pour participer à chaque congrès de I'ANDEVA et de la FNATH, je peux témoigner que chacun sait ce que Martine Aubry a fait pour les amiantés.
Sa mise en examen est donc proprement révoltante alors même qu'elle pouvait bénéficier du statut de témoin assisté.
Depuis quinze années, la justice patauge dans ce dossier difficile, lourd et complexe. Il y a quinze années, je rencontrais les procureur et procureur général de Caen et leur demandais d'engager des procédures, et justes, et rapides. Nous sommes sans soute reparti sur des dizaine d'années d'instruction et d'enquête, de saisine de la Cour de Justice de la République.
Ce n'est pas ainsi que l'on traite avec sérénité une procédure au détriment des droits des victimes des droits et de la présomption de l'innocence.
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