Publié le 01 Décembre 2016 par Alpes et Midi, l'hebdomadaire des Hautes-Alpes et de la vallée de l'Ubaye
Petit tour à l’école
Najat Vallaud Belkacem est arrivée pratiquement pour la rentrée des classes, à 8h10 du matin le 28 novembre, par un petit – 3°C, histoire de rappeler que L’Argentière est bien en territoire de montagne, les sommets enneigés l’entourant le prouvant si besoin était.
La Ministre de l’Education Nationale a été déposée à la gare routière que la commune a créée lors des travaux de sécurisation des abords de l’école élémentaire et du collège Les Giraudes. Elle y dévoilera rapidement la plaque inaugurale. Les travaux se sont effectués en 3 tranches, dont la dernière sera finalisée en 2017, la tranche 2 tenant compte des nouvelles directives sur la sécurisation des accès des établissements scolaires. Il s’agit de la 1ère réalisation de ce type dans les Hautes-Alpes. Coût global de l’investissement : 379 863 € soutenus par la Région PACA à hauteur de 43%, par l’Etat pour 22%, par les aides induites par les travaux RTE pour 12%, et l’autofinancement communal de 23%.
Rentrée se mettre au chaud avec l’ensemble des officiels, Joël Giraud, la Sénatrice Patricia-Morhet-Richaud, les conseillers départementaux du canton, Marie-Noëlle Disdier et Jean Conreaux, plusieurs maires des communes environnantes dont certains avaient pu bénéficier d’un repas avec elle et le Député la veille au soir en Italie, elle s’entretient brièvement avec une partie de l’équipe pédagogique de l’école élémentaire de La Bessée, menée par la Directrice, Michèle Stumpert. D’où viennent les enseignants ? Les enfants réussissent-ils bien ? Les écoliers font-ils du ski ? Est-ce que ça fait des champions ? (On lui rappelle alors que Charlotte Banks, argentiéroise, est la snowboardeuse qui a participé aux derniers Jeux Olympiques) Ne sont-ils pas trop distraits par les paysages extérieurs ?... La directrice souligne que 3 enfants avec handicap sont accueillis dans l’établissement avec leur Aide à la Vie Scolaire ainsi que des enfants de migrants, dont 3 allophones, un marocain et 2 ukrainiens, en classe de CE2 et CP. Puis rapide allusion à l’organisation des animations périscolaires, natation, sports en gymnase, bibliothèque… et du besoin de la réorganisation des temps scolaires.
Un des enseignants lui demandera si elle peut accorder quelques minutes aux élèves qui aimeraient lui chanter le tube des Kids United, On écrit sur les murs, qu’ils ont appris. Requête à laquelle elle donnera son aval avant de s’engouffrer dans le CE2 accueillant 2 des enfants allophones. Après une séance de lecture menée à la place de l’enseignant et à laquelle se prête fièrement les enfants, elle leur expliquera qu’elle aussi a été une enfant allophone car, arrivée en France elle ne parlait que le Berbère. Elle les incitera à leur parler, à ne pas les laisser dans leur coin, car si les professeurs comptent les camarades de classe aussi ! Elle demandera alors qui parle une langue étrangère ? Anglais, italien, arabe, berbère, espagnol, ukrainien, polonais, apparaitront dans la bouche de plusieurs élèves même si ce n’est que pour quelques mots… L’enseignant, tout en expliquant l’apprentissage des langues étrangères au sein de l’école soulignera que le but est que les élèves sortent avec un bon niveau dans les apprentissages du français…
Les Hautes-Alpes : 21ème département rural de France
Mais le déplacement de la Ministre était centré sur la signature de la convention triennale pour l’aménagement du territoire scolaire. « Il faut changer le logiciel dans l’organisation du territoire scolaire si nous voulons sortir définitivement de la logique comptable, expliquait Joël Giraud. Nous avons intérêt à anticiper, à nous organiser, à préparer le territoire aux mutations auxquelles il est confronté. Cette convention a été négociée entre l’Etat, l’Association des Maires de France des Hautes-Alpes et le Département. »
« Cette convention faite pour la ruralité et la montagne permet à des territoires qui perdent des élèves de ne plus fermer automatiquement des classes, voire des écoles, expliquait la Ministre. Un travail sera effectué sur les 3 ans sur la mise en place de différentes solutions, tel le regroupement scolaire, mais qui permettra en attendant de garder les enseignants. » Cela demande des financements, ce qu’elle ne manquait pas de souligner, tout en rappelant que dans les Hautes-Alpes, depuis 2013, bien qu’il y ait eu 300 élèves en moins 18 postes ont été créés.
Les départements ont été classés en 2014 en fonction de la part d’élèves scolarisés dans des écoles du 1er degré de communes rurales. Les Hautes-Alpes se trouvent à la 21ème place avec 5 225 élèves dans cette situation, sur les 11 297 qu’il comptabilise, soit 46% d’élèves scolarisés dans des communes rurales, contre 75% pour la Creuse, 1ere au classement, ou le Cantal, 1er département à avoir signé la convention et 2ème au classement avec 63%.
Interrogée, alors qu’elle affirmait que le budget de l’Education Nationale était le 1er du gouvernement, sur les propos tenus par Emmanuel Macron dans son livre paru récemment où il y affirme qu’il y a eu beaucoup de réformes de l’enseignement inutiles et très onéreuses lors du mandat de François Hollande, elle répond sans langue de bois. «Mauvaise foi, légèreté, tromperie » et rétorque : « la « révolution » qu’il prône ne sont que les actions dans lesquelles le gouvernement s’est engagé depuis 2012. Comparez sur ce qui a été fait ! »
Avant de repartir vers les Alpes de Haute Provence elle concluait son passage éclair : « La ruralité et la montagne ne doivent pas avoir une école au rabais, la preuve en est de ce qui se fait ici, à L’Argentière ! »
Claudine Usclat-Fouque