A noter : La ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu, n'a pas encore répondu à la question écrite de Joël Giraud mais elle a
répondu à tous les fonctionnaires en annonçant que le gouvernement proposera la suppression du jour de carence
des fonctionnaires dans le prochain budget.
Question publiée au JO le : 19/02/2013 page : 1772
M. Joël Giraud attire
l'attention de Mme la ministre de la réforme de l'État, de la décentralisation
et de la fonction publique sur le « délai de carence » dans la fonction
publique instauré par la loi de finances pour 2012. Cette disposition prévoit
de fait que le fonctionnaire ne perçoit pas sa rémunération au titre du premier
jour de congé de maladie ordinaire. Depuis son instauration en décembre 2011,
le SNUCLIAS-FSU, syndicat de la fonction publique territoriale, est
farouchement mobilisé contre cette journée de carence imposée sans dialogue
social aux agents publics. Il considère cette mesure comme doublement
inéquitable. Premièrement, cette disposition ne rapproche pas le statut des
agents publics de celui des salariés du privé, contraints à trois jours de
carence. En réalité, la majorité d'entre eux, grâce à des accords d'entreprise
ou à des conventions collectives, ont ces trois jours pris en charge par leurs
employeurs. La vraie équité consisterait à ce que les salariés restants soient
aussi pris en charge. Deuxièmement, la fonction publique territoriale est
composée de 77 % d'agents de catégorie C à faibles revenus qui sont les
premiers touchés par cette mesure inique. En effet, ces agents aux métiers
pénibles et accidentogènes, sont sujets à des arrêts de travail plus fréquents
dont le premier jour ne leur sera systématiquement plus payé, avec la plupart
du temps une incidence négative sur le montant de leur régime indemnitaire et
une aggravation de leur santé, beaucoup d'entre eux repoussant de ce fait les
soins dont ils auraient besoin. Sous couvert d'une prétendue équité, cette
mesure est inefficace sur le plan économique car les retenues sur le traitement
des fonctionnaires ne seront pas reversées au budget de la sécurité sociale,
bien au contraire : moins de salaire génèrera moins de cotisations sociales,
donc moins de moyens pour la protection sociale. De plus cette décision
unilatérale et autoritaire, instaurée sans concertation par l'article 105 de la
loi de finances de décembre 2011, est en contradiction totale avec l'art 57 de
la loi du 26 janvier 1984 régissant le statut des fonctionnaires qui dispose
que les agents conservent l'intégralité de leur traitement pour trois mois et
un demi-traitement pendant neuf mois en cas de maladie ordinaire. Elle porte
attaque directement au statut général de la fonction publique en modifiant la
loi sans demander l'avis des conseils supérieurs (État, hospitalier,
territorial) ou du conseil commun pour les trois fonctions publiques pourtant
récemment installé en 2012, s'exonérant ainsi du minimum de dialogue social
réglementaire avec les organisations syndicales et du respect vis-à-vis des
représentants des personnels. L'actuel Gouvernement, plutôt que d'annoncer sa
suppression comme il l'avait envisagé, a émis l'hypothèse de faire payer cette
journée de carence par les mutuelles de fonctionnaires. Cette hypothèse n'est à
l'évidence pas bien accueillie par les personnels concernés. C'est pourquoi il
lui demande de bien vouloir envisager de réfléchir à l'abrogation de cette
mesure.