Question publiée au JO le : 04/12/2012 page : 7074
Réponse publiée au JO le : 22/01/2013 page : 805
TEXTE DE LA QUESTION
M. Joël Giraud attire
l'attention de Mme la ministre de la culture et de la communication sur le
projet de création d'un Centre National de la Musique (CNM). Ce projet a été
mené par une association de préfiguration du CNM qui a sollicité l'avis de tous
les intervenants du secteur. Il est aujourd'hui réclamé par les acteurs de la
filière des musiques actuelles et fait l'unanimité au sein de ce secteur, tant auprès
des salles de concerts, que des producteurs de spectacles, mais aussi auprès
des labels, des radios associatives ou des festivals. L'enjeu d'un nouvel
établissement repose sur sa capacité à repenser en profondeur un secteur de la
musique particulièrement inéquitable. Il semble que le domaine des musiques
actuelles reste, d'un point de vue financier, réellement sous-doté, alors qu'il
s'est très largement structuré depuis son émergence, il y a une trentaine
d'années et représente aujourd'hui la première pratique culturelle des Français.
Trop souvent, les entreprises du secteur des musiques actuelles vivent avec des
économies précaires, recourant très largement aux emplois aidés, appliquant
difficilement les obligations sociales en vigueur et conservant tant bien que
mal les marges artistiques pour continuer à montrer la diversité des formes
artistiques à nos concitoyens.
À cet effet, la
création d'un Centre national de la musique permettrait, selon ses acteurs,
d'injecter de nouvelles mesures financières, sans pour autant venir affecter le
budget du ministère de la culture, mais bien grâce à la dérivation d'une partie
de la TST vers la musique. La musique est bien toute aussi légitime que le
cinéma à percevoir une partie de cette taxe, puisque elle est aussi présente
que le cinéma sur internet. Cet établissement permettrait, en outre, de poser
une gouvernance nouvelle et représentative de la diversité des acteurs de la
filière et de rassembler l'ensemble des acteurs des musiques actuelles au sein
d'un seul établissement et d'en faire une vraie force. Il lui demande de bien vouloir
lui faire connaître la position de son ministère sur ce sujet et de bien
vouloir lui indiquer la suite qu'elle entend donner à ce projet.
TEXTE DE LA REPONSE
Les mutations que
connaît la filière musicale à l'ère numérique, qui bouleversent à la fois les
modes de production et de diffusion des oeuvres et les équilibres économiques
du secteur, rendent nécessaire une intervention de l'État sur l'ensemble de
cette filière, y compris dans sa composante industrielle. De surcroît, une
rationalisation des dispositifs existants, financés aujourd'hui notamment par
l'État, par une taxe affectée sur les spectacles de variétés et par les sociétés
civiles, paraît nécessaire pour rendre ces actions plus efficaces. Sur ces
bases, à l'issue des travaux d'une mission conduite par Monsieur Didier Selles,
associant Messieurs Franck Riester, Marc Thonon, Alain Chamfort et Daniel
Colling, la création d'un « centre national de la musique » (CNM) avait été
envisagée. Imaginée sous forme d'un nouvel établissement public national, cette
structure, qui avait vocation à bénéficier d'importantes ressources complémentaires
extra-budgétaires, ne s'est pas révélée opérante pour atteindre les objectifs
définis. Pour autant, le Gouvernement considère qu'il est toujours
indispensable de concevoir un dispositif de soutien à la filière musicale, capable
de prendre en compte de façon cohérente la diversité des besoins, l'émergence
des talents, la dynamique de la création, l'irrigation des territoires,
l'exigence de proximité et fonctionnant avec des moyens élargis. C'est pourquoi
la redéfinition de ce programme a été initiée à partir des deux directions
générales du ministère de la culture et de la communication compétentes,
chargées de la création artistique, d'une part, et des médias et des industries
culturelles, d'autre part. Baptisé « Mission musique », cet axe de
réorganisation devra rapidement, grâce au travail de réflexion très important
rassemblé lors de la phase de préfiguration du CNM, susciter autour de lui le
regroupement de l'ensemble des acteurs intéressés, allant du spectacle vivant à
la musique enregistrée. Il associera également les représentants des
collectivités territoriales qui concourent déjà, aux côtés de l'État, au
développement de l'ensemble de la vie musicale de notre pays. Une attention
toute particulière sera portée au rôle joué par les entreprises culturelles engagées
dans ces mutations, spécialement les plus fragiles d'entre elles. La « Mission
musique » devra enfin prendre en compte les travaux actuellement en cours de la
mission Lescure sur l'adaptation des différents outils pour préserver l'exception
culturelle française, qui seront rendus au printemps 2013, et ceux de la
mission Colin et Collin sur la fiscalité numérique que l'on connaîtra en
décembre 2012. Ce n'est qu'au terme de ces travaux que la structuration administrative
chargée de mettre en oeuvre cette nouvelle politique en faveur de l'ensemble de
la filière musicale sera précisée dans sa formule définitive. L'action publique
qu'elle devra conduire pour soutenir la vigueur, la qualité et la diversité de
la création contribuera également au développement des politiques d'éducation
artistique en faveur de tous les publics de la musique et spécialement des plus
jeunes d'entre eux.