Cette initiative permet de mettre en lumière l'utilisation au quotidien des frais de mandat des parlementaires.
Sept députés ont rendu publics les relevés bancaires de leurs frais de mandat ce jeudi. Cette démarche inédite vise à «mieux faire comprendre aux citoyens la légitimité de ces frais», selon l’association Regards citoyens, qui lutte pour la «transparence démocratique».
Sur les 577 députés de la quatorzième législature, qui a pris fin en juin, seuls Brigitte Allain (ancienne députée EELV de Dordogne), Isabelle Attard (ancienne députée DVG du Calvados), Jean-Luc Bleunven (ancien député DVG du Finistère), Joël Giraud (député PRG des Hautes-Alpes), Régis Juanico (député PS de la Loire), Dominique Raimbourg (ancien député PS de Loire-Atlantique) et Barbara Romagnan (ancienne député PS du Doubs) ont accepté de se prêter à la démarche. Ils ont ainsi dévoilé les frais ayant trait à leur indemnité représentative de frais de mandat (IRFM). Cette dernière, d'un montant brut de 5600 euros par mois, est destinée à couvrir leurs frais de représentation et ne fait aujourd'hui l'objet d'aucun contrôle.
Des déplacements incessants
Billets de train, coiffeur, frais de bouche… : «Les relevés dévoilent l'activité financière assez classique d'un-e député-e», assure l’association dans un communiqué. En se plongeant dans ces relevés de compte, on tombe par exemple sur d'innombrables frais de péages, taxis, hôtels, signes des incessants déplacements des députés et autres allers-retours entre l’Hémicycle et leurs circonscriptions. Mais aussi sur de très nombreux remboursements de repas. «Les député-e-s ayant régulièrement des rendez-vous à l'heure du déjeuner, il serait inquiétant en terme de lutte contre les conflits d'intérêts (qu’ils se voient) inviter par les lobbyistes rencontrés», justifie Regards citoyens.
Difficile, somme toute, de trouver de quoi redire dans cette masse de dépenses en tout genre. Sur le mode léger, tout juste peut-on remarquer que : Isabelle Attard est abonnée à Mediapart et à Ouest France quand Jean-Luc Bleunven n’est, lui, fidèle qu’au grand quotidien de l’ouest ; que Régis Juanico ne s’interdit pas de faire ses provisions au Lidl à l'occasion ; ou encore que Barbara Romagnan a honoré une dizaine de rendez-vous chez le coiffeur en deux mois et demi.
«La publication de ces relevés de compte (...) montre que les député-e-s ont tout à gagner à jouer le jeu de la transparence», insiste Regards citoyens, qui espère «que ces sept député-e-s pionniers et pionnières de la 14e législature inspireront leurs nouveaux collègues».
Une opacité totale
Le projet de loi de moralisation de la vie publique promis par Emmanuel Macron, qui compte notamment réformer le système des frais de mandat, est actuellement étudié en commission. Pour l’heure, l'opacité reste cependant totale sur l'ensemble des procédures relatives à ces derniers.
L’Assemblée fait notamment confiance à ses troupes pour rendre leur part d’indemnités non utilisées en fin de mandat. Jusqu’à présent, ceux-ci étaient seulement priés d’attester «sur l’honneur» qu’ils respectaient bien les règles d’utilisation de ce qui représente, au total, 66 millions d’euros de fonds publics par an.
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