UNE DÉMARCHE COLLECTIVE
Publié le 16 Février 2017
L’abattoir des Hautes Vallées a rouvert !
Jeudi 9 février éleveurs, élus et représentants de l’État étaient présents à Guillestre pour fêter l’ouverture de l’abattoir des Hautes Vallées, fermé pour cause de liquidation depuis le 12 août dernier. C’est Bénédicte Peyrot, Présidente de l’association « Abattoir des Hautes Vallées », qui manageait la visite officielle, bien qu’elle soulignait à plusieurs reprises que si cette ouverture avait été possible c’était grâce à l’implication des éleveurs qui ont dû, pour faire fonctionner l’abattoir, apprendre un nouveau métier !
Le 3 août 2016 c’est la douche froide ! L’abattoir est en cessation de paiement et va fermer ses portes, raison invoquée : le tonnage n’est pas assez important pour que l’établissement soit économiquement viable. Pour les éleveurs du Guillestrois/Queyras, du Briançonnais, de l’Embrunais et du Pays des Ecrins, c’est un coup dur car le dernier abattoir du département se trouve à Gap et pour y aller avec le bétail… « Tout le monde était en infraction, personne n’avait les titres de transport adéquats » précisait un éleveur.
Les éleveurs se mobilisent. Le 8 août ils discutent avec Bernard Leterrier, vétérinaire-inspecteur de l’abattoir depuis 40 ans et Maire de Guillestre. Le 12 une réunion d’information rassemble plus d’une centaine de personnes. En septembre c’est la création de l’association avec l’espoir de relancer l’abattoir. Les éleveurs sont soutenus par la Préfecture, les services vétérinaires, le Député Joël Giraud et le SMIAGD, qui devient propriétaire de l’abattoir. Des éleveurs de l’Ubaye rejoignent l’association qui a pour espoir de se transformer en coopérative dès le mois de mars 2017. Les services vétérinaires expliquent les procédures à suivre pour le bien-être de l’animal qui rejaillit sur la qualité des viandes. Bernard Leterrier est présent à chaque étape du projet et souligne : « Le travail est rationnalisé et la chaine sanitaire est de grande qualité. Il n’y a pas ici de souffrance animale, il faut le dire !» Le SMIAGD, sous la direction de Franck Rendu, cherche à améliorer la qualité de l’outil : « Des investissements pour se mettre aux normes étaient à prévoir », explique-t-il. Les éleveurs volontaires qui abattent et s’occupent de la partie techniques sont rémunérés comme tâcherons.
« Une grande aventure, avec un « A » depuis le 12 août, aussi bien au niveau administratif que technique, lance Laurent Darmas, éleveur à Névache, investi dans le projet ! On s’est formé, vite, car on n’avait jamais participé à l’abattage. Nous avons de bons retours sur la qualité du travail de la part des bouchers et des services vétérinaires, même si on n’est pas encore au top de l’efficacité. On ne cache pas qu’il y a encore quelques problèmes à résoudre… » C’est Pierre-Emmanuel Robin, cogérant de l’abattoir de Die qui vient lors de chaque abattage, une à deux fois par semaine, former les éleveurs.
Trois rénovations successives, en 1995, 2000 et 2014, pour suivre la règlementation européenne sont lancées. « Mais il ne sera pas possible d’en supporter une autre rapidement » soulignait Bernard Leterrier !
Pour pérenniser l’outil la future coopérative, de 58 adhérents mais des demandes de souscriptions vont être prochainement lancées, a des projets de développement dont l’aménagement d’une salle de découpe pour permettre aux éleveurs de faire de la vente directe. Un dossier Leader a été déposé pour aider au financement et si cela abouti le tonnage en sera amélioré. La volonté des éleveurs est de garder l’abattage sur le Guillestrois pour des raisons économiques, de transports et d’attachement. « Quand l’outil n’est pas sur place cela entraine des coûts annexes importants, notamment de transport et de temps. Plus on monte vers le Nord des Hautes-Alpes et plus les exploitations sont petites et incapables de les supporter » soulignait un éleveur.
« On a une vision de développement au service des agriculteurs mais aussi du Tourisme, spécifiait Bénédicte Peyrot. L’équipe est formidable, mobilisée, volontaire, dynamique, et elle a des idées, notamment la création d’une marque, pour montrer que c’est de la viande locale abattue localement. Notre vision d’avenir crée des liens. Il y aura sans doute d’autres projets… »
« C’est un bel exemple d’économie sociale et solidaire, soulignait Joël Giraud ! Il faut vous remercier d’avoir su travailler ensemble… tout le monde n’y arrive pas… Maintenant on n’est plus sur une logique de volumes, véritable course à l’échalote, mais sur une logique de territoire. »
« Les éleveurs construisent leur propre avenir, avouait le Préfet, Philippe Court. Le modèle économique précédent ne fonctionnait pas. Le développement de la découpe et de la vente sera une valeur ajoutée. Il faut convaincre l’ensemble des éleveurs d’apporter lebétail ici. Il faut jouer collectif, c’est le seul moyen de garder l’activité localement. »
Claudine Usclat-Fouque
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