Lu sur le site de Alpes et Midi : http://www.alpes-et-midi.fr/article/departement-pilote
Publié le 16 Juin 2016
Au col du Lautaret
C’est même avec un peu d’avance que Thierry Mandon est arrivé au col du Lautaret, à 8 h, pour visiter la toute nouvelle Galerie de l’Alpe, prolongement du Jardin Alpin, géré par l’Université Joseph Fourier de Grenoble. L’ensemble des scientifiques présents sur site, ainsi que nombre d’élus du territoire, au premier des rangs desquels Joël Giraud, Député des Hautes-Alpes à l’initiative de cette visite, l’accueillaient. En salle de réunion le Député replaçait cette visite dans son contexte : « C’est la 1ère fois qu’un Ministre de la Recherche vient sur le territoire. Les visites concernent toutes des sites de recherches mais ouverts au grand public car le porter de la connaissance est une chose importante. Ce projet de La Galerie de l’Alpe renvoie à Serge Aubert, l’ancien Directeur se levait tous les matins avec de nouveaux problèmes à résoudre… Alors il m’appelait parfois… Nous regrettons qu’il n’appelle plus… »
« Ce lieu de recherches est mondialement reconnu, poursuivait Patrick Lévy, Président de la Communauté d’Universités de Grenoble. Recherches de très haut niveau mais parfaitement intégrées dans les préoccupations d’aujourd’hui, réchauffement climatique, préservation de l’environnement, etc. Elus et scientifiques ont pu travailler ensemble pour porter ce projet. Le Jardin du Lautaret est établi ici depuis 120 ans, mais Serge Aubert a fait reconnaitre la tutelle du CNRS. En lien avec 14 pays, le Jardin Alpin est la seule de ses stations à faire de la recherche en milieu montagnard. C’est pourquoi le CNRS continuera à l’appuyer. Le Jardin Alpin, s’il est ancré dans l’histoire du département a un pied à Grenoble et en lien avec l’Europe pour des recherches très diversifiées. »
Rappelant que La Galerie de l’Alpe accueillait 20 000 visiteurs/an les 3 axes articulant les recherches étaient cités : Environnement et Territoires – Le fonctionnement des écosystèmes – Les biodiversités. C’est de la recherche impliquée car en prise avec les enjeux sociétaux et environnementaux de son temps.
« Quand on pense recherche on pense grandes métropoles… preuve que non, lançait Thierry Mandon ! On est trop discret face à ces recherches de très haut niveau qui se font hors métropoles. Je suis venu pour soutenir cette recherche. La France devra augmenter ses budgets liés à la recherche. Les sciences participatives permettent d’approfondir les connaissances et les Hautes-Alpes pourraient être un département pilote pour ce type de projets qui mêlent scientifiques et amateurs très éclairés. »
Une quarantaine de protocoles de recherches se fait ici, suivi des glaciers, dynamique paysagère, suivi des bouquetins qui trouvent de nouveaux corridors écologiques, travail sur les alpages en lien avec les bouleversements climatiques et des usages. Le projet Refuge Sentinelle, lancé en partenariat avec le Parc National des Ecrins, une recherche impliquée pour fabriquer de la connaissance, était évoqué par Richard Bonet, Directeur scientifique au Parc, ainsi que le projet européen des infrastructures distribuées avec la physicienne Helle Perdersen, ou l’observation de la biodiversité des 4 000 espèces de l’arc alpin… dont la Renoncule des Glaciers est l’espèce emblématique.
Inauguration de la Maison de la Géologie
Il aura fallu 20 ans pour faire aboutir ce projet, volonté de Raymond Cirio, Président du Centre Briançonnais de Géologie Alpine. Ce professeur de Sciences Naturelles enseigne au lycée d’Altitude de Briançon dès 1970. Joël Giraud se souvient : « Il y avait des cours qu’on subissait et d’autres pas. Parmi ceux-là il y a avait ceux de Raymond Cirio qui nous emmenait en pleine nature avec une carte géologique à la main… »
Porté par la richesse géologique de cet environnement Raymond Cirio, qui dès 1983 organise des stages avec des géologues de Grenoble, Marseille, Paris, Lyon… lance le CBGA il y a 20 ans autour de 3 axes : La formation continue des enseignants de SVT, une centaine vient chaque année – Des stages pour les lycéens des classes scientifiques, soit 25 000 journées/an, venus de 210 lycées de France et d’Europe – Des actions pour le grand public autour de sorties de terrain, de conférences ou de cours. Cette activité autour de la géologie qui a un impact économique : hébergement, accompagnateurs, transporteurs, commerces… a conduit à la création d’emplois et à la transformation d’emplois saisonniers en emplois permanents tout en ouvrant une activité à des professionnels en période « hors saison ». Fort de ce constat, Raymond Cirio parle d’une Maison de la Géologie à Alain Bayrou, alors maire de Briançon, en 1995. 20 ans après elle est enfin inaugurée ! Car ce n’est qu’en 2009 qu’une étude de faisabilité est lancée et financée par la Région PACA, grâce au soutien de Joël Giraud qui en est alors vice-président. Les élus du Briançonnais, du Queyras et du Guillestrois vont également soutenir la création du Géoparc, transfrontalier avec l’Italie. Dans la foulée la labellisation Pôle d’Excellence Rural « Nature Science et Tourisme » arrive en 2011, en lien avec la Galerie de l’Alpe, et soutenu par le Pôle Universitaire de Grenoble. La Maison de la Géologie peut naître… Portée par la CCB, elle a un coût de 3 630 000 € financé par l’Europe, 400 000 €, l’Etat, 710 000 €, la Région PACA, 1 M€, le Département, 200 000 €, et la CCB, 1 320 000 €.
Dans l’ancien centre de vacances réhabilité, qui peut accueillir 60 lits sur 17 chambres, pour des classes de géologie, CAPES, prépas, lycées, 25 équivalents temps plein travaillent depuis le 5 janvier 2016, date de son ouverture. Le loyer versé par le gestionnaire de l’hébergement permet d’assurer les frais de fonctionnement et d’entretien de la partie muséale, 797 m². L’espace muséographique est articulé autour de 10 espaces, dont un laboratoire géologique. En extérieur il y a le Géodrome, retraçant 5 étapes majeures de la création des Alpes, illustrée par des blocs venant de tout le Briançonnais où le visiteur peut toucher les roches de l’histoire de la Terre. La gestion et l’animation est assuré par le CGBA.
Le défi à relever pour la Maison de la Géologie ? « Réussir la citoyenneté scientifique » dira Raymond Cirio ! « Et la diversification touristique » rappelleront les élus, du Député en passant par la conseillère régionale et Maire de Monêtier les Bains, Anne-Marie Forgeoux, sans oublier le Président de la Communauté de Communes, Alain Fardella, ou la 2ème vice-présidente du Conseil Départemental, Maryvonne Grenier, en charge de l’Education et de la Jeunesse.
Inauguration de la Maison du Soleil
Tout commence par des expériences… Car tel est le but du Centre d’Interprétation du soleil : comprendre en expérimentant ! C’est donc Françoise Brénon de la Fondation de la Maison de la Chimie qui va faire le show scientifique. Luminescence, fluorescence, composé organique du luminol qui permet de retrouver les traces de sang, fabrication sous cloche d’aurores boréales… La science avait un côté magique...
La scénographie est assurée par l’Observatoire de Paris qui met à disposition un Cœlostat et un spectroscope qui permettent l’observation et l’analyse du soleil. Captation de la lumière solaire, projection optique du disque solaire, sa visualisation sous différentes longueurs d’ondes sont, entre autres, au programme. La Fondation de la Maison de la Chimie a quant à elle mit à disposition de ce lieu de diffusion de la culture scientifique son équipe pédagogique d’enseignants, de scientifiques universitaires et industriels ainsi que les ressources de sa médiachimie afin de réaliser diverses expositions et animations scientifiques.
Un projet de 700 000 € financé à 80% par la Région PACA pour l’architecture. La scénographie, 150 000 €, a reçu le soutien du FNADT et de la Région à hauteur de 40% chacun. Des mécènes se sont également penchés sur le berceau, Fondation de la Maison de la Chimie, Fondation RTE, 50 000 €, Le Fond des Bois, la Fondation du Crédit Agricole.
Claude Catala, Président de l’Observatoire de Paris expliquait : « Cette Maison du Soleil permettra de s’initier à l’astrophysique, à la physique, à la chimie… La science mise à la portée de tous. St Véran entre dans une nouvelle ère enthousiasmante, que cela puisse susciter des vocations… »
Bernard Bigot, Président de la Fondation de la Maison de la Chimie et Directeur Général d’ITER poursuivait : « Physique et chimie n’ont jamais fait aussi bien alliance. Partager les connaissances dans une rigueur scientifique pour apporter des réponses au grand public, tel est le but de la Maison du Soleil.»
Joël Giraud affirmait : « Nous avons vu des hommes et des femmes passionnés et passionnants voulant que leurs savoirs se transmettent afin que cela ne soit pas la propriété d’une élite ! Le département compte plusieurs sites de recherches de renommée mondiale. La culture scientifique et sa diffusion est l’affaire de pionniers. C’est une économie touristique que nous devons élargir dans une proposition diversifiée. »
Thierry Mandon concluait : « Je suis ici par conviction. La science se pratique en cordée. Le temps des génies qui travaillaient seuls est révolu. La science doit rencontrer le tourisme. En ce sens tous ces projets sont tournés vers l’avenir, vers un tourisme intelligent. La science se partage. Vous avez là des outils pour faire le marketing de la science. Bravo à ceux qui ont eu foi en la science et ont su imposer ces projets pour qu’ils fécondent les jeunes générations. Le touriste est exigeant. S’il veut pratiquer des sports de montagne il veut aussi s’offrir du temps pour la culture.»
Le Secrétaire d’Etat promettait de « regarder d’un regard bienveillant » les 2 futurs projets en cours de développement. Le 1er : le projet Noéma, sur le plateau de Bure, porté par l’Institut de Radioastronomie millimétrique de St Martin d’Hère qui doit faire que le radiotélescope passe de 6 à 12 antennes, un projet de 50 M€. Le 2cd, l’ouverture d’un espace muséal pour expliquer les travaux scientifiques du plateau de Bure porté lui par la Communauté de Communes du Buëch/Dévoluy.
Notons que Thierry Mandon a fait l’aller/retour Paris/Turin en avion. Arrivé mercredi soir tard à l’Hôtel des Glaciers car il a tenu à se défouler en faisant les derniers kilomètres depuis le Lauzet en jogging ! Au retour il est parti en hélicoptère jusqu’à Montgenèvre pour finir en voiture jusqu’à Turin car les Italiens ne laissent plus atterrir un hélicoptère qui n’est pas désinfecté à cause du virus Zyka, transmis par certains moustiques, dont l’Italie est pour l’instant exempte.
Claudine Usclat-Fouque
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