LES ELUS DE LA MONTAGNE EN DEBAT
Publié le 24 Mars 2016
Le 17 mars à St Bonnet en Champsaur réunion au sommet des élus de la montagne du département initiée par l’association nationale, l’ANEM. Attentes, préoccupations, irritations et acte II de la loi Montagne étaient au programme...
Encore et toujours marginalisée !
« La montagne risque d’être marginalisée, avertissait d’entrée Joël Giraud, Député des Hautes-Alpes et membre de l’ANEM. Il faut faire du lobbying, non ce n’est pas un gros mot, et ne pas en avoir peur. L’ANEM doit être soutenue. Plus elle représentera de gens plus elle sera entendue. Car je me suis fait dire que les histoires de ruralité, de saisonnalité, de tourisme, étaient anecdotiques par rapport aux 10 millions d’habitants de l’agglomération parisienne ! La vraie fracture est là ! Elle est entre les urbains des grandes agglomérations et les ruraux ! »
Rappelons que l’Association Nationale des Elus de la Montagne existe depuis 30 ans, qu’elle fédère les communes, les intercommunalités, les départements et les régions, et trouve une forte légitimité auprès des gouvernements successifs. Au-delà des clivages politiques elle défend la spécificité montagne, apporte un appui à ses élus et offre un lieu d’échange. A sa tête un Président, actuellement Laurent Wauquiez, député de Haute-Loire, et un Secrétaire Général, Marie-Noëlle Battistel, députée de l’Isère, pris un dans la majorité et un dans l’opposition, le Secrétaire Général devenant tous les 2 ans Président.
« L’ANEM organise une veille juridique car des textes de loi peuvent être très pénalisants pour la montagne et il faut alors les amender, rappelait la Secrétaire Générale. Nous venons à la rencontre des élus du territoire pour vous informer mais aussi pour avoir vos retours sur l’organisation territoriale, c’est le but de cette réunion. La loi Montagne a 30 ans, il faut la moderniser et il ne faut pas se louper. Accès au numérique, à la téléphonie, aux soins,
problèmes d’écoles, d’urbanisme, de stations de ski, d’agriculture, de travail saisonnier... sont nos préoccupations. »
Le débat était lancé auprès de la soixantaine d’élus qui avait fait le déplacement. Le financement des collectivités est le sujet le plus brulant. Baisse des moyens, réforme de la Dotation Globale de Fonctionnement sont abordés. Gérald Martinez, maire de St Léger les Mélèzes intervient : « Entre la baisse de nos moyens, l’augmentation de nos charges et nos investissements déjà effectués, nous allons nous retrouver avec des dossiers financiers négatifs ! Comment les fonds enlevés vont-ils être remplacés ? » Et Joël Giraud de rappeler qu’il fallait que le nouveau calcul de la DGF prenne en compte non seulement le nombre d’habitants mais aussi la superficie des communes, ce qu’il est question d’enlever, soulignant à nouveau que toute dérogation « parce que montagne » était de plus en plus mal vécue par les urbains de l’Assemblée.
Le maire de Baratier, Jean Bernard, insistait : « Depuis 2007 nous avons perdu 135 000 € ! Notre petite commune explose, on ne peut plus tenir. Et dans un an on nous enlève encore 10 000 € et l’année suivant idem. »
Jean-Marie Arnaud, maire de Tallard renchérissait : « Comment appliquer la hausse des salaires de 1,2% de nos fonctionnaires alors qu’elle a été décidée sans préavis et sans concertation ? Je suis d’accord pour l’augmentation face aux salaires bloqués depuis près de 6 ans, mais pas de cette façon ! »
Réorganisation territoriale : « Je pensais que le regroupement des communes allait nous faire évoluer, lançait Bernard Allard-Latour, maire de Remollon. Mais pourquoi agrandir les communes si les compétences sont transférées à l’intercommunalité ? Alors qu’on transfère aux communes la gestion de l’eau, des risques, mais avec des moyens limités ?! Cela nous inquiète au niveau financier et juridique. »
La compétence tourisme sera effectivement de la responsabilité des communautés de communes d’où l’inquiétude : quid des offices de tourisme et comment défendre chaque station quand il y en a plusieurs sur une même interco ? Pierre Vollaire, maire des Orres, soulignait : « Les stations sont de véritables entreprises. Il est impératif de garder nos moyens de commercialisation et de promotion, même si on travaille au niveau d’un espace valléen. Il faut pouvoir continuer à investir, c’est vital ! Alors offices classés ou marque ? » Joël Giraud n’était pas très encourageant... « Les stations pourront se défendre comme une marque... Mais la marque c’est quoi ? Personne ne le sait ! »
Loup, accessibilité pour les personnes à mobilité réduite, abattoirs de faible tonnage, ligne Paris/Briançon, très haut débit, zones blanches, rénovation de l’immobilier touristique... étaient encore quelques-uns des sujets traités
Bernard Allard-Latour lançait toutefois un appel : « Nous avons moins de 50% des collectivités haut-alpines qui adhèrent à l’ANEM, à un moment où nous nous sentons de plus en plus abandonnés. C’est grave ! Avant c’était les ¾. Nous ne combattons plus. Mais personne ne se battra à notre place pour que nos territoires vivent ! »
Un prêt à taux zéro sur 20 ans était présenté par Thierry Bazin, de la Caisse des Dépôts et consignation, pour la rénovation thermique des bâtiments publics pour la période 2016/2017 pour faire levier sur le sujet de la transition énergétique.
Claudine Usclat-Fouque
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