Article du Journal Alpes et Midi
LA MAISON DE SANTE DU QUEYRAS INAUGUREE
Publié le 04 Février 2016
lien vers le site du journal : http://www.alpes-et-midi.fr/article/maison-sante-queyras-inauguree
Les inquiétudes ne sont pas annihilées...
Faire face à la désertification médicale, tel est l’objectif d’une Maison de santé pluridisciplinaire. Et la carence de médecins est bien réelle dans le Queyras, même si cette dernière ne touche pas que ce territoire passé de 11 médecins à 4 en quelques années. C’est pourquoi en 2009 la Communauté de Communes des Escartons du Queyras, en partenariat avec le Centre hospitalier d’Aiguilles, appuyé par le Docteur Georges Graglia, décide, après une étude de faisabilité, de créer un véritable pôle de santé.
Pour faire face aux départs annoncés des médecins d’Aiguilles et de Molines en Queyras, la Com Com, alors menée par Jean-Claude Catala, prend contact avec l’organisme Seliance, basé à Gap, qui regroupe une vingtaine de médecins répartis sur 4 sites des Hautes-Alpes. Fin 2010 cette Maison de Santé fait partie des 7 projets retenus par l’Etat en PACA qui bénéficieront également du soutien de la Région. Les travaux sont réceptionnés en décembre 2014.
Mais comme un malheur n’arrive jamais seul, début 2014 le Queyras enregistre l’arrêt d’activité du seul dentiste du territoire, le Dr Lauzière. Un cabinet pour ce type de praticien doit donc être inclus dans la Maison de santé. Le Dr Lauzière propose de céder son matériel afin de permettre la continuité de l’activité. Une aide de l’Agence Régional de Santé PACA permet d’en faire l’acquisition.
La Maison de santé c’est 400 m², 280 m² réhabilités et 120 m² d’extension, adossés à l’Ouest de l’hôpital et qui comprend 8 salles de consultations pour des médecins, kinés, infirmières, dentiste, 1 salle de plâtres, 1 salle de radiologie, 1salle de convivialité et 1 salle d’attente. Y exercent 1 à 2 médecins Seliance, 4 kinés, 3 infirmières, 1 dentiste et 1 psychologue.
Son financement : l’étude de faisabilité, 32 000 €, a été portée par l’hôpital, 20%, et par la Région à hauteur de 80%. L’équipement de radiologie et mobilier, pour un montant de 130 000€, est soutenu à hauteur de 65 000 € par l’Etat et de 26 000 € par la Région. La construction proprement dite, estimée à 700 000 €, a reçu le soutien de l’Etat, 280 000 €, et de la Région, 280 000 €. A suivi l’équipement informatique de 39 480 € soutenu par la Région PACA à hauteur de 80%. La Com Com a apporté son concours financier à hauteur de 235 000 €. Reste à acquérir une radio panoramique, dont la subvention a été accordée, pour le cabinet dentaire. Christian Laurens, Président de la Com com espérait : « Ce partenariat fructueux entre l’hôpital et la Communauté de communes ainsi que l’équipement permettent de pérenniser la présence médicale et paramédicale sur ce territoire, voire attirer de jeunes praticiens pour leur installation dans le Queyras. »
Mais le Dr Richard Arcangeli ne partageait pas cet optimisme : « L’année 2016 sera difficile ! Nous avons dû rappeler le Dr Graglia, aujourd’hui retraité, pour assurer la semaine de Noël et une en février. La désertification médicale est maladive et touche peu à peu le département, Chorges, le Briançonnais, Embrun... Il faut pérenniser le fonctionnement de la Maison de santé et pour cela nous n’avons que la subvention de l’ARS !... Nous tombons dans une aberration : nous avons une Maison de santé mais nous ne pouvons pas y subvenir ! Nous avons pris contact avec de jeunes médecins de Marseille mais cela n’a abouti à rien. »
Jean-Louis Poncet, conseiller départemental, rendait hommage à son prédécesseur, Jean-Claude Catala, qui a pris à bras le corps ce problème de la désertification médicale. « Il faut remplacer nos médecins partis en retraite car sinon la population ira s’installer ailleurs ! »
Jérôme Vieuxtemps, de l’ARS, précisait : «Ce projet de santé publique a innové et dépassé les oppositions public/privé. Vous avez construit une offre de proximité en avance sur ce qui sera demain inscrit dans la loi.»
Joël Giraud, député, renchérissait : « Le problème de la santé a évolué très vite. Le Queyras est un isolat mais qui a su construire pour rebondir. Il faut que le fonctionnement suive. C’est important pour la population touristique et locale, pour continuer à vivre et travailler au pays. »
Isabelle Sendrané, sous-préfète de Briançon, concluait : « Félicitation pour avoir pris le problème très en amont car lorsqu’on est dos au mur c’est encore plus dur ! L’Etat croit aux maisons de Santé. »
Claudine Usclat-Fouque
Commentaires