Question publiée au JO le : 19/02/2013 page : 1772
Réponse publiée au JO le : 14/05/2013 page : 5145
Texte de la questionM. Joël Giraud attire
l'attention de Mme la ministre de la réforme de l'État, de la
décentralisation et de la fonction publique sur le « délai de carence »
dans la fonction publique instauré par la loi de finances pour 2012.
Cette disposition prévoit de fait que le fonctionnaire ne perçoit pas sa
rémunération au titre du premier jour de congé de maladie ordinaire.
Depuis son instauration en décembre 2011, le SNUCLIAS-FSU, syndicat de
la fonction publique territoriale, est farouchement mobilisé contre
cette journée de carence imposée sans dialogue social aux agents
publics. Il considère cette mesure comme doublement inéquitable.
Premièrement, cette disposition ne rapproche pas le statut des agents
publics de celui des salariés du privé, contraints à trois jours de
carence. En réalité, la majorité d'entre eux, grâce à des accords
d'entreprise ou à des conventions collectives, ont ces trois jours pris
en charge par leurs employeurs. La vraie équité consisterait à ce que
les salariés restants soient aussi pris en charge. Deuxièmement, la
fonction publique territoriale est composée de 77 % d'agents de
catégorie C à faibles revenus qui sont les premiers touchés par cette
mesure inique. En effet, ces agents aux métiers pénibles et
accidentogènes, sont sujets à des arrêts de travail plus fréquents dont
le premier jour ne leur sera systématiquement plus payé, avec la plupart
du temps une incidence négative sur le montant de leur régime
indemnitaire et une aggravation de leur santé, beaucoup d'entre eux
repoussant de ce fait les soins dont ils auraient besoin. Sous couvert
d'une prétendue équité, cette mesure est inefficace sur le plan
économique car les retenues sur le traitement des fonctionnaires ne
seront pas reversées au budget de la sécurité sociale, bien au contraire
: moins de salaire génèrera moins de cotisations sociales, donc moins
de moyens pour la protection sociale. De plus cette décision unilatérale
et autoritaire, instaurée sans concertation par l'article 105 de la loi
de finances de décembre 2011, est en contradiction totale avec l'art 57
de la loi du 26 janvier 1984 régissant le statut des fonctionnaires qui
dispose que les agents conservent l'intégralité de leur traitement pour
trois mois et un demi-traitement pendant neuf mois en cas de maladie
ordinaire. Elle porte attaque directement au statut général de la
fonction publique en modifiant la loi sans demander l'avis des conseils
supérieurs (État, hospitalier, territorial) ou du conseil commun pour
les trois fonctions publiques pourtant récemment installé en 2012,
s'exonérant ainsi du minimum de dialogue social réglementaire avec les
organisations syndicales et du respect vis-à-vis des représentants des
personnels. L'actuel Gouvernement, plutôt que d'annoncer sa suppression
comme il l'avait envisagé, a émis l'hypothèse de faire payer cette
journée de carence par les mutuelles de fonctionnaires. Cette hypothèse
n'est à l'évidence pas bien accueillie par les personnels concernés.
C'est pourquoi il lui demande de bien vouloir envisager de réfléchir à
l'abrogation de cette mesure.
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Texte de la réponseLe Gouvernement a
décidé d'abroger la journée de carence dans la fonction publique mise en
place par le précédent Gouvernement dans le cadre de la loi de finances
pour 2012. Un an après la création du jour de carence, un premier bilan
du dispositif a été établi et démontre que le jour de carence n'a pas
les effets que l'ancien Gouvernement escomptait : - En termes d'équité :
plus de deux tiers des salariés du privé bénéficient d'une prise en
charge des jours de carence en application d'une convention de branche
ou d'entreprise. Le jour de carence dans la fonction publique a lui
privé de toute rémunération 100 % des agents publics pour le premier
jour de leur arrêt maladie. - En ce qui concerne un éventuel recul de
l'absentéisme, dont les dernières statistiques publiées par le ministère
du travail prouvent qu'il n'est pas plus important dans le secteur
public que dans le secteur privé, les effets ne sont pas démontrés : le
nombre de congés maladie est resté quasi stable à l'Etat en 2012 et plus
des deux tiers des agents ayant eu un jour de carence n'ont eu qu'un
arrêt maladie dans l'année. Il n'est pas mis en évidence de recul
significatif généralisé des arrêts de courte durée entre 2011 et 2012 :
la proportion d'agents en arrêt court est passée de 1,2 % à 1,0 % dans
la fonction publique de l'Etat, de 0,8 % à 0,7 % dans la fonction
publique hospitalière mais est restée stable dans la fonction publique
territoriale à 1,1 %. Si chez certains employeurs, le nombre d'arrêts a
pu diminuer, on observe aussi un allongement de la durée des congés
maladie. - Les économies budgétaires sont quant à elles bien moins
importantes que prévues : la mesure a rapporté 60 M€ à l'Etat alors
qu'elle avait été évaluée à 120 M€. Cette décision sera traduite par une
mesure législative qui sera proposée dans le prochain projet de loi de
finances présenté au Parlement. La nécessaire recherche de l'équité
entre fonctionnaires et salariés implique cependant que les arrêts
maladie soient soumis, dans tous les cas, à un régime de contrôle
identique et à un renforcement des mesures contre les arrêts abusifs. A
cet effet, la généralisation d'un dispositif de contrôle des arrêts
médicaux de moins de six mois sera proposé. Par ailleurs, l'obligation
de transmission, dans les 48 heures suivant le début de l'arrêt de
travail, du certificat ouvrant droit au congé maladie sera strictement
contrôlée et renforcée. Le non-respect de cette obligation entraînera
une retenue sur salaire. Enfin, la prévention des arrêts de travail liés
à l'exposition aux risques professionnels et aux conditions de travail
des agents publics sera une priorité dans le cadre de la concertation
sur l'amélioration de la qualité de vie au travail qui a été ouverte
avec les organisations syndicales représentatives de la fonction
publique.
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