Question
publiée au JO le : 25/09/2012 page : 5208
Réponse
publiée au JO le : 12/03/2013 page : 2811
Texte
de la question
M.
Joël Giraud attire l'attention de M. le ministre de l'économie et des finances
sur la décision du Conseil d'État rendue le 23 juillet 2012 concernant
l'assurance-emprunteur, et plus particulièrement la nécessaire redistribution
aux consommateurs emprunteurs des « bénéfices techniques et financiers » des
contrats prévue par l'article L. 331-3 du code des assurances. Soulignant la
volonté du législateur de « n'exclure aucun type de contrat de l'obligation de participation
des assurés aux bénéfices techniques et financiers des entreprises d'assurance
sur la vie ou de capitalisation », le Conseil d'État a déclaré illégal l'article
A. 331-3 du code des assurances, dans sa rédaction antérieure à l'arrêté du 23
avril 2007 puisque celui-ci excluait l'assurance-emprunteur. Attestant la
justesse de la saisine introduite par une grande association de consommateurs,
le Conseil d'État ouvre par conséquent la voie à la pleine application de la
loi, c'est-à-dire à la redistribution effective aux millions d'assurés
emprunteurs concernés d'une partie des bénéfices techniques et financiers
réalisés sur la période 1994-2007. Toutefois, la mise en oeuvre de cette
décision par les assurés apparaît particulièrement difficile, en raison de la
nécessité d'accéder à des pièces comptables permettant de déterminer, pour
chaque assureur, le montant exact des bénéfices techniques et financiers, avant
de devoir effectuer un calcul très complexe du montant que les assurés
emprunteurs peuvent, le cas échant, réclamer.
C'est
pourquoi il lui demande de lui indiquer les mesures qu'il envisage de prendre
pour permettre aux assurés emprunteurs de pouvoir, simplement et efficacement,
récupérer leur participation aux bénéfices pour la période 1994-2007 et ainsi
redonner son effectivité à l'article L. 331-3 du code des assurances.
Texte
de la réponse
Par
sa décision n° 353885 du 23 juillet 2012, le Conseil d'Etat a déclaré illégale
une ancienne rédaction de l'article A. 331-3 du code des assurances, antérieure
à celle issue de l'arrêté du 23 avril 2007 relatif à la provision pour aléas financiers
et à la participation aux bénéfices techniques et financiers des opérations des
entreprises d'assurance sur la vie et modifiant l'arrêté du 19 février 2007
relatif aux informations à produire devant le comité des entreprises d'assurance.
Le Conseil d'Etat a jugé que l'article A. 331-3 du code des assurances, en
excluant de la participation aux bénéfices techniques et financiers les
contrats collectifs en cas de décès, forme sous laquelle l'assurance décès des emprunteurs
est souvent souscrite, contrevenait à la loi.
Le Conseil d'Etat a rendu cette
décision dans le cadre d'un contentieux privé devant le tribunal de grande
instance de Paris concernant l'assurance d'un crédit à la consommation de
faible montant, au cours duquel il a été saisi d'une question préjudicielle. Le
Conseil d'Etat ne s'est pas prononcé sur les implications de sa décision pour
ce contentieux, qui relèvent exclusivement du tribunal qui a été saisi, ni sur
ses conséquences pour les tiers. (Ces implications seront déterminées par les
tribunaux dans le cadre d'instances dans lesquelles le Gouvernement n'a pas à
intervenir). Il est à noter que l'article A. 331-3 ayant été modifié par
l'arrêté du 23 avril 2007, les contrats collectifs en cas de décès sont, depuis
cette date, inclus dans le calcul de la participation minimale aux bénéfices.
Il peut également être rappelé que l'obligation de participation aux bénéfices
a été instaurée en 1967 afin de favoriser l'épargne. L'Etat s'est ensuite
efforcé d'étendre progressivement le champ des contrats d'assurance concernés.
Les articles A. 331-3 et suivants du code des assurances précisent le montant
minimal à hauteur duquel les entreprises d'assurance sur la vie doivent faire
participer les assurés à leur bénéfice. En revanche, la répartition de ce
montant entre les différents assurés relève de la liberté contractuelle.
L'article L. 132-5 du code des assurances impose ainsi que le contrat précise
les conditions d'affectation des bénéfices techniques et financiers. Dès lors,
le montant minimal de la participation aux bénéfices est déterminé globalement
par l'entreprise d'assurance et réparti librement entre les différents types de
contrats. Comme l'a rappelé le Conseil d'Etat dans sa décision n° 307089 du 5
mai 2010, « chaque assuré ne bénéficie pas d'un droit individuel à
l'attribution d'une somme déterminée au titre de cette participation ». Il
n'est donc pas de calcul évident ni mécanique de la participation minimale aux
bénéfices d'un assuré en particulier. Les pouvoirs publics s'efforcent de faire
évoluer le marché de l'assurance emprunteur dans l'intérêt de tous : améliorer
la transparence et la lisibilité des informations communiquées à l'assuré,
permettre une comparabilité des offres et accroître ainsi la concurrence sur ce
marché, et faire progresser l'assurabilité des personnes présentant un risque
aggravé de santé.
Le projet de loi de séparation et de régulation des activités
bancaires comporte une série de mesures à cette fin.