Pour Joël GIRAUD, s’adressant ce mardi
au Ministre du Budget, « l’approbation par notre groupe n’est pas un vote
qui vous délie mais un vote qui vous oblige »
Ecoutez l'intervention : http://www.youtube.com/watch?v=dU_i8h4vJkI&feature=youtu.be
Texte intégral de l’intervention de Joël GIRAUD à l’Assemblée
Nationale :
Monsieur le Président, Mesdames
et Messieurs les Ministres, Madame la Rapporteure,
Le texte du projet de loi de
séparation et de régulation des activités bancaires a été enrichi grâce a une
remarquable mobilisation des députés de gauche et écologistes, et par l’écoute du gouvernement. Nous nous en
félicitons. Les députés du groupe radical, républicain, démocrate et
progressiste ont poussé à de telles avancées.
Tout d’abord, s’agissant de la
résolution des crises bancaires. Les dispositifs mis en place font consensus,
alors même que ce sont les plus ambitieux. Il est normal que des banques qui
reposent sur la garantie des dépôts accordée par l’état soient soumises,
lorsque les circonstances l’exigent, à un contrôle étendu de la puissance
publique. Il est souhaitable que les actionnaires soient mis a contribution
lorsqu’ils ont mal géré leurs investissements.
Ce qui doit absolument être évité,
c’est la contagion de l’économie financière a l’économie réelle. Et c’est dans
la résolution de ces crises que la séparation des banques est utile. Cette
séparation aurait-elle du être plus franche ? Certainement. Et nous
espérons que la tenue de marché sera bien cantonnée dans une filiale au-delà
d’un certain niveau d’activité, pour que les règles soient claires.
Mais les améliorations apportées
au texte limitent l’intervention de la maison mère et interdisent celle de l’état lorsque les
filiales seront en difficulté. C’est un progrès pour tenter d’éviter que
l’économie réelle et les finances publiques ne soient une fois de plus les
victimes collatérales de la folie spéculative.
Le deuxième impératif, c’est la
prévention. C’est l’assurance que la conséquence d’une crise telle que connue
en 2008 ne pourra plus se reproduire. Force est de constater que ce texte ne
saurait a lui seul prévenir de futures crises financières. Il en limite tout
juste les contours par un affaiblissement des aléas.
Car ne nous ne méprenons
pas : la séparation des banques ne
permettra pas d’éviter de nouvelles crises financières. Si le texte ne va pas
assez loin, ce n’est pas que la séparation est insuffisamment tranchée. C’est
parce qu’il ne s’attaque pas aux causes premières des crises financières. Ces
causes ne peuvent être traitées qu’en coordination avec d’autres pays. Mais on
ne saurait, comme le prêchent certains de nos collègues – pourtant très
souverainistes ! – s’en remettre perpétuellement
à des accords supranationaux qui arrivent avec retard et compromission. Il faut
que la France et le parlement français envoient un signal clair. C’est ce que
fait ce texte en s’en prenant – même modestement – aux causes premières de ces
crises.
Il faut lutter contre les paradis
fiscaux. Nous nous félicitons qu’un de nos amendements ait été pris en compte
sur ce sujet important, même si nous souhaiterions que les informations à
fournir soient plus exhaustives encore, notamment par publications des impôts
et taxes versés par les banques dans les paradis fiscaux.
Il faut lutter contre les
emprunts toxiques souscrits par les collectivités. Nous avions proposé que
certains emprunts structurés ne puissent plus être mis à disposition des
collectivités locales. Un amendement reprenant celui qui avait été proposé par
mon collègue Jean-Noël Carpentier a été adopté et nous nous en réjouissons.
Il faut lutter contre les
activités spéculatives, et non pas seulement les cantonner. Ainsi, concernant
les activités de
« trading » à haute fréquence, l’interdiction doit devenir générale.
Monsieur le ministre, vous vous êtes engagé à faire des propositions au cours
de la navette parlementaire, nous en prenons acte et nous attendons.
Enfin, au-delà des aspects purement techniques de la
régulation du secteur financier, il aurait été dommage que ne soient pas
inclues des mesures avec des conséquences dans la vie quotidienne de nos
concitoyens.
La plus symbolique de ces mesures
reste bien évidemment le plafonnement des commissions d’intervention. Personne
ne conteste les coûts de traitement pour les banques. Mais il est inadmissible
que ces frais s’apparentent à du racket.
Mes collègues du groupe RRDP et
moi-même voteront ce projet de loi. Non pas parce que nous sommes pleinement
satisfaits. Mais parce que cette loi constitue une nouvelle étape vers
une meilleure régulation des activités financières. Elle donne légitimité au
gouvernement français pour négocier au niveau européen et international des
accords qui mettront pleinement la finance au service de l’économie. Monsieur
le ministre, l’approbation par notre groupe n’est pas un vote qui vous délie
mais un vote qui vous oblige.
Lien vidéo : http://www.assemblee-nationale.tv/chaines.html