Il a décidé de prendre une part active dans la bataille présidentielle et de briguer un 5e mandat de député dans la circonscription d’Arles. À 67ans, le socialiste Michel Vauzelle, élu trois fois président de la Région Paca, ténor du PS, fait entendre sa voix.
- François Hollande se tasse dans les sondages, après les couacs de l’accord PS-Verts. Ne pensez-vous pas que sa campagne patine ?
Michel Vauzelle : François Hollande a un profil de rassembleur et la carrure d’un homme d’État, raison pour laquelle je l’ai soutenu durant la primaire. Il démontrera parfaitement sa capacité à diriger l’État. Il a connu une période de grâce après son investiture et fait bien, aujourd’hui, de donner du temps au temps. Pour autant, il ne fallait pas engager, maintenant, de négociations avec Europe-Écologie-Les Verts, au vu de l’état de ce parti et de sa candidate atypique. Ce n’est pas le bon timing. En ce moment, les Français ont besoin d’un langage clair, de simplicité dans le message. Si on commence à griffonner des accords dans un cabinet obscur, cela donne la pire image de la politique. Je le regrette. Le résultat est un énorme cafouillage. L’image brouillonne des Verts, avec tout le respect qu’on leur doit pour ce qu’ils apportent à la gauche, rejaillit sur le PS.
- A-t-il commis une erreur ?
M.V. : Pour le moment, on a besoin d’un candidat sûr de lui, pas d’un candidat négociant une centrale nucléaire contre deux sièges au Parlement. On ne peut pas imaginer que la France abandonne son siège permanent au Conseil de sécurité de l’Onu ! On peut discuter mais pas au point de lâcher sur des points essentiels. On ne peut pas du jour au lendemain remplacer l’énergie nucléaire. Il faut en sortir mais pas de manière précipitée.
- Vous êtes donc hostile au volet de cet accord prévoyant des circonscriptions réservées aux écologistes ?
M.V. : Effectivement, je suis contre. Lors des élections régionales, Europe-Écologie a recueilli 11% des voix et a eu 11% des sièges au Conseil régional. Les gens ont donc une assemblée où ils peuvent se reconnaître. Cet accord PS-EELV prévoyant des circonscriptions réservées est un choix d’états-majors et non celui du peuple. Et on aura des mauvaises surprises. Si François Hollande est obligé de se mettre à genoux pour avoir une majorité, si en tant que président de la République il ne peut pas se passer des voix des Verts à l’Assemblée, cela donnera lieu à des négociations infinies.
- Vous venez d’être désigné à la tête du Comité régional de campagne. Quel sera votre rôle ?
M.V. : Un rôle de conseil et de relais qui illustre le rôle essentiel que doit jouer la Région. Concrètement, tout en travaillant avec les fédérations, nous devons faire à François Hollande une série de suggestions, organiser ses déplacements en privilégiant la rencontre avec les gens, exercice où il excelle. On gardera les meetings pour la fin de la
campagne.
- Nicolas Sarkozy est une fois par semaine en Provence. Comment l’interprétez-vous ?
M.V. : Il ne veut pas prendre un mauvais coup dans une région où la droite règne, avec 36 députés sur 40 et la majorité des grandes villes. Il redoute un vote de protestation, PS ou FN, qui réduirait l’espace qui est le sien.
- Après avoir demandé à Jean-Noël Guérini, le président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, de démissionner, requête rejetée par l’intéressé, on a le sentiment que votre parti est coincé. Faiblesse ?
M.V. : Il appartient au PS de faire appliquer sa demande. Le parti peut l’obliger à quitter son poste et a les moyens de faire appliquer ses volontés. Aussi, je m’interroge
sur les raisons pour lesquelles il ne le fait pas alors que cette affaire va plomber la campagne de Hollande. Sur le plan institutionnel on voit bien, après la crise avec le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin et le président de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole, Eugène Caselli (Ndlr : Jean-Noël Guérini a menacé de couper des subventions marseillaises puis est revenu sur sa décision) que c’est difficile à vivre. C’est un boulet au pied de Hollande, c’est donc à lui d’obtenir du parti les applications de ses décisions.
- La désignation par Paris des candidats aux législatives dans les Bouches-du-Rhône va-t-elle dans le sens de la rénovation ?
M.V. : C’est inacceptable. On a besoin de plus de démocratie, de transparence et on impose des noms depuis la direction parisienne de la rue de Solférino. Je regrette que le parti décide à Paris ce qui devrait se décider dans le département. Cela ne va pas dans le sens de l’histoire.
- Briguerez-vous un nouveau mandat de député ?
M.V. : Je suis candidat aux élections législatives dans la 16e circonscription des Bouches-du-Rhône. J’ai envoyé ma lettre aux instances. Je veux être celui qui défendra
les valeurs de gauche et républicaines face à une droite qui détruit l’appareil d’État. Aujourd’hui, tout est fragile et il n’y a aucune élection gagnée d’avance, je vais faire en sorte de conserver cette circonscription à la gauche.
- Le PS a voté le non-cumul des mandats. Quel poste choisirez-vous si vous êtes réélu député ?
M.V. : Je respecterai le non-cumul des mandats le moment venu.
- Qu’est ce que la crise a changé dans votre action pour la Région ?
M.V. : La crise nous oblige à faire des choix, à réduire certaines dépenses par rapport aux associations ou aux communes. Elle nous contraint à emprunter pour investir, à regarder de plus près des investissements qui peuvent attendre. Si le gouvernement ne fait rien pour la LGV ou le tunnel de Montgenèvre, on ne va pas y mettre de l’argent. En revanche, en matière d’action sociale, on ne touchera pas à la formation professionnelle et au développement de l’emploi. Par ailleurs, on a mis en place deux fonds pour aider les entreprises.
- Vous n’avez pas changé le nom de Paca mais vous réfléchissiez à celui que doit porter le Cerem, Centre régional de la Méditerranée, en construction en bord de quais à Marseille. Avez-vous trouvé ?
M.V. : Le Cerem s’appellera le "Méditerranéum". Je ne voulais pas de sigle mais un vrai nom avec une vraie signification. Ce lieu ne sera pas un musée mais essentiellement consacré à la recherche sur la société méditerranéenne et la créativité. Il accueillera des expositions, sera ouvert au public et dessinera les contours de la Méditerranée
en 2030.
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