Joël
L’Argentière, le 5 juin 2007
Madame, Monsieur
J’ai bien reçu votre courrier par lequel vous sollicitez ma position en tant que candidat concernant la problématique de l’énergie nucléaire. La question de l’énergie nucléaire ne doit pas être un sujet tabou, même s’il existe des divergences d’analyses au sein de notre pays, notamment au sein des partis politiques. Le pacte écologique de Ségolène Royal proposait une remise à plat du dossier de l’énergie nucléaire. C’est une phase que je considère indispensable. Il faudra ensuite, dans un contexte différent, élaborer, à la suite d’une concertation tenant compte de l’avis des différents acteurs, donc à l’issue d’un débat public, une véritable politique énergétique, visant à rapidement enrayer l’émission des gaz à effet de serre, sans hypothéquer l’avenir des générations futures par la prolifération incontrôlée de déchets nucléaires. Ce débat devra tenir compte des avis de chacun et s’appuyer sur des organismes d’expertise dont l’autorité devra t être reconnue de tous. Le débat sur le nucléaire avant d’être un débat technique, est un débat politique et un débat citoyen, d’une importance capitale. Ce débat doit naturellement avoir lieu au parlement mais aussi par les procédures adaptées de débat public. Il ne doit être confisqué ni aux citoyens, ni aux collectivités locales..
Ainsi je considère que l’annonce d’un “Grenelle de l'environnement” ne saurait dispenser le gouvernement du respect des procédures légitimes de consultation. Je trouve indispensable que votre association soit représentée à cette occasion. Une logique d’ouverture voudrait que le nouveau gouvernement procède – au préalable - à l'abrogation du décret de construction de l’EPR signé à la sauvette : il n'est pas envisageable de discuter d'environnement alors que l’on construit un réacteur nucléaire supplémentaire.
Notons aussi que le dogmatisme libéral du programme du nouveau président de la République pose problème. L’énergie n’est pas une marchandise comme les autres, et particulièrement si elle est d’origine nucléaire. En effet, le nucléaire nécessite des investissements gigantesques pour des retours sur investissements à très long terme. La sécurité ne peut être garantie que par des organismes d’expertise indépendants et il est évident que la puissance publique doit conserver toute sa place sur ce point.
Par ailleurs, le coût du démantèlement et de la dépollution nécessite de mettre en place des procédures pour garantir que ces coûts seront bien mis à la charge de l’exploitant privé et non laissé à la charge des générations futures.
De plus, le problème du nucléaire doit être appréhendé au niveau européen. Dans la plupart des pays où le débat a été posé, les conclusions sont défavorables au nucléaire. C’est en partenariat avec nos partenaires européens que les décisions devront être prises.
La France ne pourra pas se passer du nucléaire dans l’immédiat, mais nous devons à court terme limiter la place du nucléaire dans la consommation énergétique. Il convient d’engager très rapidement un plan de développement des énergies renouvelables. Cela doit devenir une ardente obligation et donner lieu à des stratégies multiples allant d’une politique fiscale d’incitation à l’équipement à une politique de soutien à la recherche en passant par l’engagement de grands chantiers à dimension nationale.
J’espère avoir répondu à vos préoccupations et je vous prie de croire, Madame, Monsieur, en l’expression de mes sincères salutations.
Joël GIRAUD
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