La Ministre entendait bien convaincre les Hauts-alpins de son engagement ! Elle annonçait d'emblée comprendre et se battre pour la réévaluation des emplois de saison, l'importance du dispositif "Embauche Petites et Moyennes Entreprises » et celle de la formation. Une compréhension... qui en a laissé certains amers depuis le 49.3 imposé par Manuel Valls, mais dont la Ministre se défend, confiante. "Nous n'avons pas pris que de bonnes mesures en début de quinquennat, nous en tirons les leçons nécessaires pour les rectifier et avons réinvesti. Il faudra quelques mois pour voir les effets positifs des mesures que nous avons prises pour l'emploi." Mais avant de développer l'idée, Myriam El Khomri a ouvert sa venue par une visite au Centre Régional de Canoë-Kayak (CRFCK) à L'Argentière-la-Bessée, qui porte dorénavant une plaque à son nom pour célébrer les 20 ans de sa création.
A la rencontre des jeunes montagnards en formation
Myriam El Khomri a été accueillie en grande pompe au CRFCK. Sur le parvis, pour saluer la Ministre, une foule d'élus du territoire et du département se pressaient. Le directeur du Centre, Didier Lafaye, faisait visiter ses locaux, encouragé par une Ministre souriante. "Les apprentis sont les travailleurs de demain, c'est pourquoi la question de l'apprentissage et de la formation sont parties intégrantes de la politique pour l'emploi. L'apprentissage est un élément déterminant pour la reprise du travail et des embauches, mais on voit encore trop de centre vide, même lorsqu'il y a 100% d'embauches promises au bout. Il faut renforcer cette voie d'excellence, soulignait-elle.
« Ce centre va dans ce sens. Il est l'exemple type d'un centre qui marche, innovant, et unique dans le département. Il a su s'adapter à son temps, et ouvre la voie pour vivre et travailler au pays" appuyait Joël Giraud, avant de rappeler la thématique globale. "Depuis plus d'un an, nous avons pris le thème de la saisonnalité à bras le corps, avec différents acteurs des Hautes-Alpes, d'Isère et de Savoie. Nous nous félicitons que la ministre de l'emploi nous soutiennent activement." Et celle-ci de répondre : "J'ai reçu quantité de rapports sur la situation des saisonniers depuis que j'ai pris mes fonctions, on sent bien qu'ils sont un peu les "invisibles" du monde du travail. Il faut aujourd'hui redonner une définition à la saisonnalité, plus de clarté, et un vrai statut juridique qui sécurise les emplois, mais aussi et surtout les personnes."
A l'issu du discours, la ribambelle d'élus s'est rapprochée de la Durance pour rencontrer les concernés. Une vingtaine de stagiaires ont salué la Ministre, bien qu'aucun n'est approfondi le débat ou sa propre situation avec celle dite venue les comprendre. L'occasion a tout de même permis d'échanger sur les conditions de l'apprentissage et de l'emploi, avant une démonstration des sportifs.
Une sérieuse table ronde
Le point fort de la journée se déroulait à 14h, avec une table ronde réunissant différents élus, acteurs du monde du travail et partenaires sociaux du territoire, pour aborder la saisonnalité, la pluriactivité et l'employabilité dans le département. Avec un certains entrain ou une tension parfois mal dissimulée, chacun faisait part de sa vision des choses. La Ministre évoquait le milliard d'euros confié aux Régions, dont 81 millions au bénéfice de celle de PACA. "La convention est claire, 27 500 places supplémentaires doivent être donnés dans cette Région" soulignait-elle. Plus localement, les quelques 1 600 demandes à la création de PME initiées ces dernières années "prouvaient" l'efficacité du dispositif "Embauche PME". "Dans une entreprise ou une association de moins de 250 salariés, toute embauche d'au moins six mois, sous réserve d'un salaire égal ou inférieur à 1,3 smic, ouvre une aide de 500€ par trimestre à l'employeur. Cumulés au CICE et au pacte responsabilité, les charges patronales sont quasi-inexistantes! C'est aussi cela qui invite les employeurs à embaucher. Cette année, le Trésor évalue près de 60 000 embauches grâce à ce dispositif." Mais outre évoquer les mêmes rengaines pour défendre le travail en montagne, dans un climat économique et contexte tendu en France, les participants entendaient bien en savoir plus sur cette "loi travail", passée en forcing. "J'ai défendu cette loi mais j'étais contre l'utilisation du 49.3" prévenait Myriam El Khomri, avant de défendre son projet. L'un des objectifs de cette loi est aussi de renforcer la sécurité et la situation professionnelle des saisonniers. Ils auront droit à une formation qualifiante au sein des entreprises et pourront bénéficier de droits majorés pour l'atteindre. Les professionnels négocieront les possibilités de reconduction contractuelle. Cette loi permet l'évolution des emplois précaires, pour que l'embauche ne soit pas une contrainte mais une chance, dans l'intérêt des entreprises et des travailleurs." Et si certains ne semblaient pas convaincus et que l'opposition des syndicats reste évidente, elle tenait à souligner : "Les acteurs des entreprises doivent avoir plus de pouvoirs, parce que ce sont eux qui connaissent la réalité du terrain. Je suis pour le dialogue et la négociation collective, c'est même ce que prévoit cette loi. Je crois à une nouvelle démocratie sociale, on ne peut pas fonctionner sans les partenaires sociaux ni nouveaux droits sociaux."
La ministre ne faisait pas l'unanimité : Malgré une image de bonne foi, la Ministre ne faisait pas l'unanimité. S'il n'était qu'une dizaine de syndicalistes CGT a scandé leur indignation, Arnaud Murgia, président des Républicains 05, tenait a rappeeré la mésentente. Il évoquait, dans un communiqué : "Myriam El Khomri vient aujourd'hui dans les Hautes-Alpes donner des leçons aux hauts-alpins sur les contrats saisonniers alors qu'il y a 6 mois encore, elle ne savait plus le nombre légal de reconductions possibles de CDD. Sa Loi, qui aura réussi à faire l’unanimité, mais contre elle, restera dans les mémoires. Le constat est pourtant cruel : les mêmes qui veulent étendre la possibilité de recourir à l'activité partielle pour les régies non autonomes sont aujourd’hui ceux qui veulent en augmenter le nombre d'heures aux frais du contribuable en alourdissant les contraintes sur le secteur saisonnier. Pourtant, combien d’heures d’activité partielle ont été demandées par les domaines skiables ces deux derniers hivers aux douloureux lancements de saisons? Nous aurions plus à gagner à résoudre des dossiers qu’à faire le concours du meilleur soutien de François Hollande recevant ses Ministres. Quid des investissements en station, de l’adaptation aux aléas climatiques ou encore du marketing numérique ? Parce que pérenniser l’emploi saisonnier, c’est aussi sécuriser l’employeur : leur volonté d’étendre le CDD reconductible à tous les secteurs saisonniers en l’imposant aux accords de branches indépendamment des spécificités revient à contraindre encore et toujours un marché largement dépendant d’aléas. Notre modèle social n’a malheureusement plus rien ni d’un modèle ni de social."
Valérie Merle
Visite ministérielle de l’entreprise Alti Flore à Chabottes
La Ministre du travail Myriam El Khomri termine son déplacement par une visite de l’entreprise Alti Flore à Chabottes qui est, aujourd’hui, leader français dans la culture biologique, notamment dans la cueillette et la transformation de l’argousier. Alti Flore a bénéficié de l’aide « Embauche PME », créée le 18 janvier dernier. Cette aide concerne toute embauche ayant lieu entre le 18 janvier et le 31 décembre 2016, dans une entreprise de moins de 250 employés. Le montant de l'aide pour deux ans est égal à 4 000 € maximum pour un même salarié. Depuis le début de l’année, ce sont plus de 1600 demandes d’aide qui ont été formulées par 800 entreprises haut-alpines, les deux-tiers correspondant à des Contrats à Durée Indéterminée.
Grâce à cette aide Jean-François Gonfard, gérant de l’entreprise, a pu recruter deux CDI. Un recrutement qualifié de facile, grâce aux instructions du cabinet comptable et de la clarté de l’application rattachée à l’aide à l’embauche. Ayant le sentiment que l’Etat est derrière les petites entreprises, Jean-François Gonfard nourrit le dessein d’agrandir ses locaux, courant de l’année 2017, et d’embaucher une personne de plus, même si l’aide à l’embauche ne devait pas être reconduite l’année prochaine. Christine Mioletti, maire de Chabottes, se félicite de cette visite, symbole de la reconnaissance pour le travail fourni. « Ceux qui créent l’emploi aujourd’hui, ce sont les petites et moyennes entreprises, et nous nous devons d’être à vos côtés », affirmait Myriam El Khomri avant de partir."
Dessislava Boshnakova d'Alpes et Midi