Une convention Ruralité consacrée à l’évolution de l’offre scolaire dans les Hautes-Alpes a été signée, ce lundi, entre le Département des Hautes-Alpes, l’association des maires (AMF 05) et la ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, à l’occasion de sa visite à L’Argentière-la-Bessée. L’Etat s’engage dans ce schéma triennal (2016-2019) à maintenir les taux d’encadrement, particulièrement dans le premier degré, pendant les trois prochaines années. En contrepartie, les élus doivent participer à la poursuite des réorganisations pédagogiques et structurelles du réseau des écoles.
Le but est de « pouvoir anticiper les évolutions à venir et construire ensemble l’école de demain, objectif partagé par les maires des Hautes-Alpes », souligne l’AMF 05. Ce qui fait grincer des dents à l’association des maires ruraux (AMRF), dont le président, Marc Beynet, considère « qu’une telle convention met en péril toutes les écoles rurales et de montagne ». Tandis que la ministre affirme vouloir « renforcer l’attractivité des écoles de montagne ». Il est donc intéressant de se pencher sur le contenu de cette convention.
Dans son préambule, la convention mentionne « la nécessité de recherche d’un point d’équilibre entre la préservation d’un service public d’enseignement de proximité et l’offre de meilleures conditions de scolarisation et de formation des élèves ». L’objectif de l’Education nationale est de parvenir, au travers d’instances de concertation et de suivi, à « une approche partagée du diagnostic, des enjeux, des priorités et des choix relatifs à l’éducation ».
Des craintes sur l’avenir des petites classes
La convention a été signée par Najat Vallaud-Belkacem, Jean-Michel Arnaud et Maryvonne Grenier, en présence de la sénatrice Patricia Morhet-Richaud, du préfet Philippe Court, de l’inspecteur d’académie Philippe Maheu, du député Joël Giraud et du recteur Bernard Beignier (photo ministère de l’Education nationale).
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Il faut rappeler que, sur les dix dernières années, le département a enregistré une perte de 632 élèves de la maternelle à la fin du cycle élémentaire (le nombre total est passé de 11.918 en 2006 à 11.286 cette année). Cette baisse démographique a conduit à fermer 17 écoles depuis 2006. La convention souligne cependant que, « malgré une perte de 272 élèves depuis la rentrée 2013, le département a été doté de 18 emplois d’enseignants supplémentaires ». La tendance est aussi à la baisse des effectifs dans les collèges, dont le nombre d’élèves est passé de 6248 à 5980 (-268 élèves, soit -4,3%) entre 2011 et 2016.
L’engagement de l’Education nationale porte sur le maintien du taux d’encadrement, qui, dans les Hautes-Alpes, est le plus élevé de l’académie d’Aix-Marseille (6,30 enseignants pour 100 élèves contre 5,22 en moyenne pour l’académie). Il faut rappeler que, dans le premier degré, plus de deux tiers des classes du département sont à cours multiples.
Mais l’inquiétude de certains élus porte sur l’avenir des petites structures scolaires, qui prédominent dans le département (60% des écoles sont composées d’une à trois classes), alors que 42 écoles du département (soit 29,8%) fonctionnent en regroupement pédagogique (21 regroupements).
La volonté de l’Education nationale est de mettre en place des réseaux. Le collège de Serres sera ainsi le premier à faire l’objet d’une étude concertée sur la mise en place progressive de réseaux pédagogiques des écoles qui lui sont rattachées, se fondant sur les nouveaux programmes d’enseignement du cycle 3.
En dix ans, les effectifs scolaires du département ont perdu 632 élèves.
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Présente ce lundi à L’Argentière-la-Bessée, Pascale Boyer, conseillère départementale (divers gauche) de Gap, se félicite de la signature de cette convention ruralité, qui « permet pendant trois années de geler la suppression des postes des écoles élémentaires d’un territoire afin d’organiser intelligemment l’offre d’enseignement ».
Pour Marc Beynet, président départemental de l’association des maires ruraux, « signer cette convention Ruralité, c’est la fin des regroupements intercommunaux pédagogiques (RPI) de moins de trois classes. Ce n’est pas sur trois années que nous souhaitons le maintien des postes des écoles, mais un engagement à long terme. Les maires ruraux des Hautes-Alpes ont refusé de signer une telle convention qui met en péril toutes les écoles rurales et de montagne. » Son vice-président, Rémy Oddou, par ailleurs détracteur de M. Arnaud (tout comme M. Beynet), estime même « scandaleux que l’AMF l’ait signée sans aucune concertation ». Reproche qu’il n’adresse pas au conseil départemental, dont il fait également partie et qui l’a aussi signée.
Précisons que 25 conventions Ruralité ont déjà été signées en France et qu’une trentaine sont en cours d’élaboration, selon le ministère de l’Education nationale. Celle des Hautes-Alpes a été signée ce lundi à L’Argentière-la-Bessée par la ministre en personne et par Maryvonne Grenier, vice-présidente du Conseil départemental en charge de l’éducation, et Jean-Michel Arnaud, président de l’AMF 05. Mme Najat Vallaud-Belkacem a ensuite fait étape dans les Alpes-de-Haute-Provence, où une convention similaire a aussi été signée avec… le président de l’association des maires ruraux.
https://www.lemedia05.com/2016/39648/ce-que-prevoit-le-schema-signe-par-najat-vallaud-belkacem-avec-les-maires-et-le-departement/