Ce mercredi 30 octobre, Joël
Giraud s’est adressé au Premier Ministre qui, la veille, avait annoncé la
suspension de l’Ecotaxe poids lourds. Si l’écotaxe est, pour le député des
Hautes Alpes, une bonne mesure qui permet d’appliquer le principe du pollueur
payeur à des myriades de camions qui polluent l’air et dégradent les routes, il
est en revanche scandaleux que l’État ait, pour gérer et déployer ce
dispositif, passé un contrat avec une société privée créée de toute pièce. À
l’origine du projet, le gouvernement Fillon avait fait le choix, très
politique, de confier la gestion du système à une entreprise privée dans le
cadre des PPP, les partenariats publics privés, très décriés par la Cour
des Comptes. Le marché avait alors été attribué à la société Ecomouv, une
filiale à 70% de la société d’autoroutes italiennes, spécialement créée pour ce
projet. « On ne connaît pas officiellement le montant de la rémunération
du prestataire » a regretté Joël Giraud, qui s’est aussi demandé ce qu’il
était advenu de l’enquête préliminaire ouverte pour présomption de corruption
passive lors du choix du titulaire du contrat. Le Tribunal Administratif
de Cergy Pontoise, en mars 2011, avait clairement indiqué que la transformation
de l’offre initiale d’Autostrade en un projet regroupant plusieurs entreprises
était contraire à la fois au principe de transparence et au principe de
l’intangibilité des candidatures. Devant les problèmes générés par l’annulation
du contrat passé avec la société Ecomouv, le Conseil d’État a jugé que les
éléments soulevés ne suffiraient pas à caractériser un défaut effectif
d’impartialité mais le doute sur la transparence des conditions d’attribution
subsiste. Avec force, Joël Giraud a demandé au Premier Ministre la création
d’une commission d’enquête parlementaire sur les conditions relatives à
l’attribution du marché à Ecomouv.
Le député des Hautes-Alpes a également contesté le choix des itinéraires. Alors
qu’en Allemagne et en Autriche, les systèmes de taxe poids lourds ont été
étudiés pour taxer en priorité le transit international des poids lourds en
relevant même les seuils en matière de tonnage pour protéger les PME/PMI, et en
installant les portiques aux frontières, en France on s’aperçoit qu’on a fait
un choix différent et regrettable. Le député des Hautes-Alpes et
président de la commission permanente du Conseil National de la Montagne a pris
l’exemple des liaisons transalpines dont il connaît bien les
problématiques : « Il suffit de regarder la frontière franco-italienne
pour s’apercevoir que tous les itinéraires alternatifs aux tunnels alpins et
aux autoroutes du littoral ont été soigneusement exonérés d’écotaxe, comme si
l’on organisait le report du trafic au profit de centaines d’entreprises,
majoritairement italiennes, sur des liaisons gratuites posant des problèmes de
sécurité pour les populations traversées. » Joël Giraud a demandé au
Premier Ministre de revoir rapidement le système pour taxer plus durement le
transit international des poids lourds que les PME/PMI françaises.
Frédéric Cuvillier, Ministre des Transports, de la Mer et le Pêche a répondu au
député des Hautes-Alpes en précisant les conditions de l’accord
passé par le précédent gouvernement avec la société Ecomouv : la société
doit percevoir 250 millions d’euros par an de l’État français et ce, pendant 13
ans. Il a rappelé que le gouvernement est aujourd’hui
« ligoté » par ce contrat, puisque son annulation coûterait à l’État
800 millions d’euros. « Si nous avions pu faire autrement, nous aurions
fait autrement. » a t-il martelé. Il a enfin reprécisé que l’écotaxe,
n’était pas un impôt supplémentaire mais bien la volonté de faire payer aux
utilisateurs la modernisation des infrastructures.
Pour Joël Giraud, qui continuera d’être actif dans le débat autour de cette
taxe nécessaire, il faut que la lumière soit faite sur ce partenariat
privé-public et que les itinéraires taxés soient redéfinis afin que l’Ecotaxe
puisse enfin être mise en place avec une meilleure lisibilité et
efficacité.
lien
vidéo : http://videos.assemblee-nationale.fr/video.4809.1ere-seance--questions-au-gouvernement-plf-2014-seconde-partie-suite--defense-30-octobre-2013
Commentaires