Questionpubliée au JO le : 23/04/2013 page : 4305
Réponse publiée au JO le : 07/05/2013 page : 4968
Texte de la questionM. Joël Giraud attire
l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et
de la forêt sur la question de l'équilibre nutritionnel dans les
cantines scolaires et sur la menace d'abrogation qui pèse sur deux
textes réglementaires en la matière. En effet, le rapport de la mission
d'information contre l'inflation normative pointe le décret n° 2011-1227
du 30 septembre 2011 relatif à la qualité nutritionnelle des repas
servis dans le cadre de la restauration scolaire, ainsi que l'arrêté
afférant. Les rapporteurs proposent la disparition de ces textes qui
mettent en œuvre l'article premier de la loi de modernisation de
l'agriculture et de la pêche de 2010. Cet article dispose notamment que «
Les gestionnaires, publics et privés, des services de restauration
scolaire et universitaire [...] sont tenus de respecter des règles,
déterminées par décret, relatives à la qualité nutritionnelle des repas
qu'ils proposent ». En supprimant cet arrêté et ce décret, la mesure
serait vidée de son sens et l'application du principe de l'équilibre
nutritionnel laissé à la seule appréciation des gestionnaires. Or
l'enquête que vient de mener l'association UFC-Que Choisir sur la
qualité nutritionnelle des repas servis dans plus de 600 communes et
établissements scolaires montre l'impact qu'ont ces textes, puisque les
évaluations récoltées par les établissements sont très supérieures à la
précédente enquête menée en 2005. Pour autant, 10 % des établissements
étudiés n'atteignent pas la moyenne, ce qui démontre la nécessité du
maintien de l'obligation réglementaire. Le niveau de détail des textes,
critiqué par les rapporteurs, constitue par ailleurs un repère sur
l'adaptation des portions à l'âge des enfants. La préconisation du
rapport de les remplacer par une brève disposition d'ordre général
priverait les collectivités d'un outil de mise en œuvre pratique de la
notion d'équilibre nutritionnel, et qui permet également de contrôler
les sociétés délégataires dans le cadre de la gestion externalisée.
Soucieux du maintien des textes réglementaires relatifs à l'équilibre
nutritionnel dans la restauration scolaire, il lui demande donc de bien
vouloir lui indiquer les intentions du Gouvernement quant à cette
question.
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Texte de la réponseEn France, 32,3 % des
adultes de 18 ans et plus sont en surpoids et 15 % sont obèses. Ces
chiffres importants se retrouvent aussi chez les enfants puisque, selon
l'étude nationale nutrition santé (ENNS) 2006-2007, 14,3 % des enfants
sont en surpoids et 3,5 % sont obèses. Six millions d'élèves mangent à
la cantine de la maternelle au lycée. Jusqu'en 2010, seule une
circulaire interministérielle du 25 juin 2001 édictait des
recommandations nutritionnelles pour améliorer la qualité des repas
servis en restauration scolaire. Or, en 2007, une enquête de l'agence
française de sécurité sanitaire des aliments (devenue ANSES au 1er
juillet 2010) portant sur les structures de l'enseignement public du
second degré pour les années 2005-2006, a montré que ces recommandations
nutritionnelles étaient peu ou mal appliquées. Les déséquilibres
nutritionnels des repas servis constatés (apports excessifs en lipides
et en glucides simples ajoutés, apports insuffisants en calcium, en
oméga 3 et en fer) et l'enjeu de santé puublic poursuivi, ont motivé le
choix des pouvoirs publics d'établir une norme en la matière. Ainsi,
l'article 1er de la loi n° 2010-874 du 27 juillet 2010 de modernisation
de l'agriculture et de la pêche a introduit une disposition législative
portant sur la qualité des repas servis en restauration collective, dont
en particulier la restauration scolaire. Le décret et l'arrêté
précisant ces exigences en restauration scolaire ont été publiés au
Journal officiel de la République française le 2 octobre 2011. Ces
nouvelles dispositions visent à améliorer la diversité des repas servis
aux élèves des écoles, collèges et lycées, tout en garantissant des
apports suffisants en fibres, en vitamines, en calcium et en fer, et en
limitant les apports en matières grasses et en sucres simples. Ces
mesures concourent ainsi aux objectifs de santé publique poursuivis,
mais aussi aux objectifs d'éducation à de bonnes habitudes alimentaires
et de socialisation des enfants. L'ensemble des acteurs, publics et
privés, concernés par les mesures fixées par ces textes (associations
d'élus des collectivités, syndicats professionnels de la restauration
autogérée et concédée, associations de parents d'élèves, associations de
consommateurs, professionnels de santé/nutrition, administrations), ont
été associés à chaque étape, afin de définir des règles conciliant au
plus juste équilibre alimentaire et charges nouvelles pour les
opérateurs. De plus, pour faciliter la mise en oeuvre de ces règles par
les services de restauration scolaire, le ministère chargé de
l'agriculture a mis en place différents outils d'accompagnement : - un
dispositif de formation destiné aux petites cantines ; - un dispositif
destiné aux services de restauration des établissements du second degré,
le programme « Plaisir à la cantine » qui repose sur une formation des
cuisiniers ; - une formation expérimentale des personnels de la
restauration collective : le certificat de spécialisation « restauration
collective », créé en 2011 ; - la prochaine mise à disposition d'outils
complémentaires : un logiciel pour aider les collectivités
territoriales. Concernant l'application de ces règles, l'examen de
grilles de menus de 68 établissements scolaires, mené de manière
expérimentale par les inspecteurs chargés du contrôle sanitaire et
nutritionnel en 2012, ainsi que l'analyse par des diététiciennes des
grilles de menus de 367 établissements servant moins de 120 repas par
jour, dans le cadre de la formation « Bien manger dans ma petite cantine
» permettent d'avoir une première appréciation de leur mise en oeuvre.
Il ressort tout d'abord de ces analyses que les textes rendant
obligatoire le respect de règles nutritionnelles ont créé une dynamique
sur ce sujet : ainsi, alors que l'étude publiée par l'agence française
de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) en 2007 montrait que la
recommandation pré-existante de proposer un laitage à chaque repas
n'était pas respectée, l'examen des menus par les inspecteurs des
directions départementales chargées de la protection des populations
montre que la majorité des établissements respectent désormais ce point.
Cependant, des progrès restent à faire, notamment sur le service des
crudités, des fruits, de fromages riches en calcium et de plats
permettant un apport suffisant en fer. Par ailleurs, l'accompagnement
des services de restauration constitue un facteur important de réussite.
L'ensemble de ces résultats a d'ailleurs été confirmé par l'étude sur
l'équilibre nutritionnel dans les restaurants scolaires de 606 communes
et établissements scolaires de France, publiée par UFC-Que Choisir en
mars dernier. En synthèse, si la réglementation a d'ores et déjà permis
une certaine amélioration de la qualité nutritionnelle des repas servis
en restauration scolaire, il existe encore des marges de progrès pour
assurer une alimentation équilibrée aux enfants déjeunant à la cantine.
Le rapport de la mission de lutte contre l'inflation normative, remis le
26 mars au Premier ministre par Mrs. Lambert et Boulard dans le cadre
du comité interministériel de modernisation de l'action publique
(CIMAP), identifie néanmoins ces textes comme devant être abrogés.
Conformément aux décisions du CIMAP du 2 avril dernier, une évaluation
sera réalisée afin de décider de l'opportunité de la suppression ou de
l'allègement de l'ensemble des normes identifiées dans ce rapport. Par
ailleurs, le Président de la République a, pendant sa campagne
électorale, fixé l'objectif pour la restauration collective publique
d'un approvisionnement à hauteur de 40 % en produits locaux issus de
toutes les agricultures. Cet objectif nécessite de rapprocher les
producteurs locaux de gestionnaires de la restauration collective
publique et donc de la restauration scolaire. Des outils ont d'ores et
déjà été développés par des collectivités dans ce sens. Le ministre de
l'agriculture accompagnera les collectivités pour diffuser ces outils et
enclencher une dynamique nationale forte permettant de renforcer les
liens de proximité entre la production agricole et les consommateurs au
sein des territoires.
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