De Monêtier-les-Bains à La Roche des Arnauds
Si elle semblait plutôt inconnue des élus, son ministère lui ne l’est pas !
Estelle Grelier, invitée par Joël Giraud, a débuté son parcours de la journée du 9 mars dès 8h30 sur les pistes de Serre-Chevalier, sur le front de neige de Monêtier les Bains, à la rencontre de l’Association des Maitres-Chiens d’Avalanche en exercice sur les lieux. Une activité qui était hélas rattrapée par l’actualité puisque le 7 mars était découvert le corps d’un varois de 52 ans pris par une petite avalanche dans un secteur hors-piste entre les domaines de Vars et Risoul….
Puis la Secrétaire d’Etat rejoignait Briançon où elle était accueillie par l’édile des lieux, Gérard Fromm, Porte Dauphine. Une visite au pas de charge de la cité Vauban était au programme, des remparts à la Collégiale puis entrée dans l’ancien Palais de Justice qui abrite une copie du plan relief de la Ville et où elle pourra admirer une lettre patente de Louis XIV de 1644 par laquelle le Roi confirmait les libertés octroyées aux Escartons par la grande Charte des libertés briançonnaises de 1343. Il y sera évoqué un problème plus récent : la fermeture depuis le 7 janvier de la Maison de la Justice et du Droit par décision unilatérale du Procureur de la République, Raphaël Balland, et de la Présidente du Tribunal de Grande Instance de Gap, Isabelle Defarge. Sous prétexte de manque de personnel une lettre a été envoyée aux collectivités, communes et Communautés de Communes, pour qu’elles prennent en charge financièrement les personnels. « La lettre était datée du 6 janvier pour une fermeture annoncée le 7, rappelait Joël Giraud ! Or la Convention stipule bien que les moyens humains sont à la charge de l’Etat. Il n’est pas à l’ordre du jour que les collectivités suppléent. De plus le personnel est là, sauf qu’il y a plusieurs congés maladie… Personne n’est donc plus envoyé à Briançon. Et le Préfet ne peut pas interférer, au nom de l’indépendance de la Justice !... »
Entrée également dans l’église des Cordeliers qui abritera prochainement le Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine et pour y admirer les fresques du XVème siècle. La visite s’achevait au quartier Berwick en pleine restructuration. La Secrétaire y a symboliquement posé les 1ers jalons de la future médiathèque et des archives municipales.
En Vallouise : Estelle Grenier était attendue par les élus, notamment Jean Conreaux, Maire de la nouvelle commune Vallouise/Pelvoux et conseiller départemental, qui la remerciait « de porter sur les fonds baptismaux la commune nouvelle ». Mais il enchainait très vite sur les griefs. « Les communes souffrent des arbitrages du Gouvernement dont la politique peut se résumer à : transferts de charges et baisse constante des dotations. Tout cela imposé et difficilement soutenable, et cela influe sur l’investissement local. Pourtant nous ne sommes pas opposés à la mutualisation des moyens des petites communes et notre nouvelle collectivité n’est d’ailleurs pas fermée à toute évolution, pourquoi pas une commune à l’échelle de la vallée ?! Un peu moins de réformes et un peu plus de considération ; nous attendons de l’aide pas de pieux discours ! »
Estelle Grenier répondra bien que ses mois d’action, aux vues des échéances électorales, soient comptés, et se dira intéressée par les retours d’expériences sur la réforme territoriale, « qui a bien pris, assurait-elle. Nous avons voulu clarifier les compétences et donner les clés économiques et d’aménagement du territoire aux Régions. Les Intercommunalités ont été réduites de 40%, elles sont basées sur des bassins de vie. Quant aux communes, si la fusion est possible depuis 1971 rien n’avait bougé. Aujourd’hui, 517 nouvelles communes pour 1 700 anciennes qui touchent 1,7 millions d’habitants. Mais cette rationalisation est basée sur le volontariat, c’est de la responsabilité des élus locaux. »
Financièrement elle reconnait la baisse des dotations, moins 11,5 milliards d’Euros sur le quinquennat. « Il fallait redresser les comptes publics, plaide-t-elle. Mais il y a eu augmentation des péréquations, les collectivités les plus fragiles subissent moins cette baisse, voire pas du tout. Quant au soutien de l’investissement local par les Dotations d’Etat pour les Territoires Ruraux, les Hautes-Alpes touchaient 8 M€ en 2014, 12 M€ aujourd’hui. » Elle défendra le bilan gouvernemental jusqu’au bout avant de demander comment s’était passée la fusion. Jean Conreaux détaillera, avec Gérard Sémiond, ex maire de Pelvoux, les différentes étapes et les difficultés, les peurs des habitants, les problèmes des territoires de chasse, la fiscalité… mais aussi la capacité d’investissement plus importante maintenant. Cyrille Drujon D’Astros, Président de la Communauté de Communes du Pays des Ecrins, évoquera l’année difficile en cours pour tout mettre en place, transports, tourisme, développement économique, assainissement, social…
Jean-Michel Arnaud, Président départemental de l’Association des Maires de France, exprimait à son tour ses craintes. D’abord sur la représentativité des petites communes dans l’intercommunalité. « Une ville centre possède 49% des voix ! Quelle place pour les petites communes périphériques ? La surreprésentation de l’urbain face à la ruralité est un vrai sujet sur lequel le Parlement et les futurs responsables politiques nationaux doivent se pencher ! Il doit y avoir un respect des projets de territoires ruraux de montagne. Nous sommes attentifs aux débats actuels, y compris sur l’administration centrale et le jacobinisme qui n’est pas complètement terminé. » Enfin tous deux s’accordaient à dire qu’il fallait être vigilant sur le dénigrement systématique des élus, « venu d’en haut et de l’administration centrale, qui veillerait à se prémunir des turpitudes des élus. Alors que l’on sait que si ce pays fonctionne c’est aussi grâce aux « petits élus » qui sont loin d’être grassement payés face aux responsabilités qu’ils endossent ! »
Chez les Compagnons du Devoir : C’est Jean-Jacques Collé, Délégué Régional, qui accueillait la Secrétaire d’Etat pour un déjeuner avec les apprentis. Mais auparavant cette dernière devait s’acquitter du lancement de la construction de l’extension de la structure afin d’accueillir 30 nouveaux lits. Depuis quelques années un hébergement provisoire pallie à ce manque. Mais se situant à un ou 2 km de l’établissement, il n’est pas toujours simple pour les apprentis de passage pour 2 semaines pour leurs cours théoriques de faire la navette, particulièrement avec la neige et sans moyen de transport. « La restauration et l’hébergement ? C’est capital pour l’accès des jeunes à la formation, rappellera Jean-Jacques Coppé. Avec 4 sections nous avons 4x22 apprentis qui viennent pour 2 semaines auxquels se rajoutent 30 jeunes, venant de tout l’hexagone et parfois même de l’étranger, effectuant leur Tour de France et qui se sédentarisent pour 11 mois. »
Il était rappelé le poids économique que ce CFA représente. Lorsqu’il est lancé en juillet 86 sous l’impulsion de Louis Chrorino, lui-même Compagnon du Devoir, appelé « Le Dauphiné », il n’y a que 4 menuisiers sur le territoire. Aujourd’hui 30 Compagnons se sont sédentarisés. « C’est un vivier pour nos employeurs et pour les territoires ruraux au niveau de la reprise d’entreprise » soulignera Joël Giraud.
« Vous êtes une école de la transmission et de l’exigence, dira Estelle Grelier. Vous avez une réputation de comportement personnel et professionnel exemplaire. J’ai eu en Normandie la possibilité de profiter de vos capacités. Je souhaite à ces apprentis une belle réussite personnelle et professionnelle. »
Après le déjeuner Estelle Grelier s’acheminait vers Gap pour la signature du parrainage de la 1ère promotion « Garantie Jeunes » des Hautes-Alpes à la Mission Jeunes 05. La Garantie Jeunes s’adresse aux jeunes de 16 à moins de 26 ans, en situation de précarité qui ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en étude. Pour favoriser leur insertion ils sont accompagnés de manière intensive et collective et bénéficient de mises en situation professionnelle. Cet accompagnement est assorti d’une aide financière pour faciliter leurs démarches d’accès à l’emploi.
La visite se terminait à La Roche des Arnauds où Estelle Grenier prenait connaissance du chantier de la nouvelle salle polyvalente de la commune.
Claudine Usclat-Fouque