Le dernier hommage à Alain Fardella s'est déroulé vendredi en présence d'une foule immense et respectueuse, à l'image de l'homme qui vient de nous quitter.
J'ai tenu, par ces quelques mots, à saluer la mémoire de l'homme et de l'élu.
A sa famille je renouvelle mes plus sincères condoléances.
Joël Giraud
Alain,
Tu n’as pas eu le temps de nous dire au revoir alors c’est nous qui sommes venus ici, si nombreux, pour te dire adieu.
Et aussi pour entourer ta maman, Michele, ton épouse, tes enfants et tes petits enfants que tu aimais par-dessus tout et toute ta famille, tant il est vrai que ta disparition prématurée nous afflige tous.
Oui, ton sourire serein, qui exprimait ta profonde gentillesse nous le verrons toujours, où que tu sois, même si tu es désormais hors de notre vue.
La vie signifie tout ce qu’elle a toujours été. le fil n’est pas coupé.
Et ce fil de ta vie, c’est celui d’une existence au service des autres.
Quand à France Télécom, tu répondais à tous les appels et partais avec tes équipes réparer, dépanner parce que, pour toi, même dans le dernier village isolé, le service public se devait d’être présent.
Quand tu t’engageais, sur le plan syndical, parce que la vie ne pouvait pas se concevoir sans solidarité et que le vrai combat à mener était celui pour les autres.
La politique ne fut que le prolongement de ce sacerdoce laïc.
Le conseil municipal de la Salle-les-Alpes où tu as montré tant de qualités, que tu fus le successeur improbable de Patrick Ollier, dont je salue la présence et respecte la douleur que je sais profonde, lors d’un passage de flambeau où la politique s’était effacée au profit simplement du service des autres.
Car la recherche du compromis ou du consensus n’est pas un gros mot, c’est une nécessité. Et le consensus ce n’était pas pour toi éviter les conflits mais surtout continuer à construire, à bâtir, ce que tu as fait sans relâche dans tes mandats de maire, de conseiller général, de président d'intercommunalité, comme l’ont rappelé à l’instant ton 1er adjoint et le 1er vice-président de la communauté de communes.
Continuer le chemin sans toi, continuer à construire sans se diviser, il faudra à tous les élus le courage d’être dignes de ton héritage.
Et moi qui te connaissais depuis qu’étudiant, je travaillais l’été aux PTT à Briançon, un jour tu m’as appelé pour rejoindre mon mouvement politique, les radicaux de gauche.
Sans doute parce qu’à l’image de Pierre Mendès France, tu pensais que « la démocratie, c’est d’abord un état d’esprit ».
Et tu détestais ce monde politique devenu fou, aux antipodes de ta conception de la démocratie et du respect que tu portais aux autres.
Car ce qui te guidait était le vivre ensemble, pas la division ni l’anathème.
Et comme l’homme que tu es est pragmatique, tu savais accueillir un ministre chez toi comme lors de l’inauguration de ta piscine, car tu savais que c'était l’occasion ou jamais de demander une subvention complémentaire… et de l’obtenir.
Les pieds sur terre, un vrai haut alpin ! Toi qui avais passé ton enfance au bord de la méditerranée.
Alors oui, ce que tu étais pour nous, tu l’es toujours.
Nous te parlerons comme nous l’avons toujours fait et même si aujourd’hui nous sommes vraiment tristes, il faudra continuer à rire de ce qui nous faisait rire ensemble, avec ton humour étonnamment à l’anglaise et tes yeux qui pétillaient du bon mot que tu venais de sortir.
L’incompréhension et la tristesse sont les sentiments que l’on éprouve lors d’un deuil. Tant de choses qui restaient à accomplir à côté de toi ! Que ces quelques lignes de Paul Éluard puissent mettre des mots sur notre incompréhension.
Nous voici aujourd'hui au bord du vide
puisque nous cherchons partout le visage que nous avons perdu.
Il était notre avenir et nous avons perdu notre avenir.
Il était des nôtres et nous avons perdu cette part de nous-mêmes.
Il nous questionnait et nous avons perdu sa question.
Nous voici seuls, nos lèvres serrées sur nos pourquoi.
Nous sommes venus ici chercher, chercher quelque chose ou quelqu'un.
Chercher cet amour plus fort que la mort.
Au revoir Alain.